En tant que farouche critique des États-Unis et figure emblématique du renouveau de la gauche en Amérique latine, Hugo Chávez Frías a sans aucun doute laissé une empreinte exceptionnelle sur la scène politique internationale contemporaine. Mais qu’adviendra-t-il de son héritage ?
Alors que le Venezuela est en deuil et qu’une nouvelle campagne électorale débute, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’avenir des relations politiques en Amérique latine, une région où Chávez jouissait d’un fort leadership.
Antonio J. Vázquez de Passim blog écrit :
Pour ce qui est des relations extérieures, elles ne risquent pas de changer sur le plan régional et transocéanique si Maduro devient président. L’influence exercée sur la région [l’Amérique latine] sera maintenue au même niveau tant qu’il y aura du pétrole et de l’argent. Le Venezuela continuera à exporter des barils [de pétrole] vers Cuba à prix réduit, et maintiendra ses échanges commerciaux à des tarifs préférentiels avec les pays appartenant au même environnement naturel [politique], indépendamment de leur situation géographique.
À l’heure actuelle, vingt pays d’Amérique latine et de la zone Caraïbes continuent de bénéficier du programme vénézuélien Petrocaribe [es] qui accorde des subventions en matière d’énergie et des prix préférentiels sur le pétrole. Haïti, pays dévasté sur le plan économique, en fait partie.
Parallèlement à son discours « anti-américain », Chávez a essayé d’encourager les processus d’intégration en Amérique latine. La Communauté d’États latino-américains et caraïbes (CELAC) et l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) sont peut-être les deux meilleurs exemples de la tentative de Chávez d’utiliser des organisations régionales pour contourner le pouvoir et l’influence des États-Unis. La question est maintenant de savoir si Maduro, ou un autre politicien, dirigera la région en conformité avec l’héritage de Chávez, ou de façon plus modérée.
Manu García, un défenseur de ce que l’on appelle le « processus bolivarien » mené par Chávez pendant les 14 dernières années, semble vouloir à la fois continuité et changement :
Toutefois, la personnalisation excessive du « processus de changement » est préoccupante. Le processus bolivarien devrait consolider un leadership collectif s’il ne veut pas disparaître dans la lutte pour l’héritage du défunt. Ce processus, et c’est là le défi, doit être réel et véritablement « bolivarien », plutôt qu’une simple façade et une expression du « chavisme ».
D’autres n’y croient guère. Carlos Malamud, un chercheur du Real Instituto Elcano, conclut :
Il est possible qu’un nouveau mythe continental ait émergé après la mort d’Hugo Chávez, comparable peut-être à celui de Che Guevara ou de Simón Bolívar. Ce n’est pas ce qui importe à l’heure actuelle. Ce qui est clair, c’est qu’au-delà de son souvenir, le leadership d’envergure continentale de Chávez n’est pas transférable et qu’il n’y a aujourd’hui personne en Amérique latine ayant le charisme, les ressources, et un programme politique adéquat pour le remplacer.
Translator: Pauline Bollengier
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