La guerre d’Irak, dix ans plus tard

Iraqi power
Iraqi power. Photo: United States Forces – Iraq (Inactive)/flickr.

CAMBRIDGE – Il y a dix ans ce mois-ci débutait l’invasion controversée de l’Irak, lancée par une coalition dirigée par les États-Unis. Quelles ont été les retombées de cette décision au cours de la décennie écoulée ? Et plus important, cette décision a-t-elle été prise à bon escient ?

Dans une perspective positive, les analystes soulignent le renversement de Saddam Hussein, la mise en place d’un gouvernement élu, et une économie qui croît de 9 pour cent par an, avec des exportations de pétrole dépassant le niveau d’avant-guerre. Certains, comme Nadim Shehadi du groupe de réflexion britannique Chatham House, vont plus loin en affirmant que si « les Etats-Unis ont certainement eu les yeux plus gros que le ventre en Irak », l’intervention américaine « pourrait avoir sorti la région d’une stagnation qui a dominé les vies d’au moins deux générations ».

Les sceptiques rétorquent qu’il est faux de lier la guerre d’Irak au printemps arabe, parce que les événements de 2011  en Tunisie et en Égypte avaient leurs propres causes, et que la rhétorique et les actes du président George W. Bush ont plus discrédité la cause de la démocratie dans la région qu’ils ne l’ont fait progresser. Le renversement de Saddam Hussein était certes important, mais l’Irak est aujourd’hui un pays où règne la violence, dirigé par un gouvernement sectaire, avec un indice de corruption qui le place au 169e rang sur 174 pays.

Quels que soient les bénéfices de cette guerre, affirment en outre les sceptiques, ils sont trop faibles pour justifier son prix : plus de 150.000 Irakiens et 4488 soldats américains tués, et un coût total estimé à près d’un milliard de dollars (sans compter les coûts d’invalidité et de santé à long terme d’environ 32.000 soldats américains blessés).

Ce bilan paraîtra peut-être différent dans une décennie, mais une grande majorité d’Américains donne aujourd’hui raison aux sceptiques et ce point de vue influence la politique étrangère américaine actuelle. Il est très peu probable que, dans les dix ans à venir, les Etats-Unis se lancent dans l’occupation et la transformation d’un autre pays. Comme l’a dit l’ancien secrétaire à la Défense Robert Gates peu avant de quitter ses fonctions, tout conseiller recommandant cette voie devrait «  être examiné par un médecin ».

Certains qualifient cette position d’isolationniste, mais il serait sans doute plus juste de la qualifier de prudente ou de pragmatique. Il faut se souvenir que le président américain Dwight Eisenhower avait refusé d’envoyer des troupes américaines prêter main forte aux Français à Dien Bien Phu en 1954 par crainte de voir les Etats-Unis « engloutis par les divisions » vietnamiennes. Et Eisenhower était loin d’être un isolationniste.

Bien qu’il soit peut-être prématuré, après une décennie, de rendre un verdict définitif sur les conséquences à long terme de la guerre d’Irak, il n’est pas trop tôt pour évaluer le processus par lequel l’administration Bush est parvenue à cette décision.

Bush et les responsables de l’époque ont avancé trois arguments principaux pour justifier l’invasion de l’Irak. Le premier liait Saddam Hussein à Al Qaïda. Les sondages d’opinion ont montré que l’opinion publique américaine avait, dans sa majorité, accepté pour argent comptant cette affirmation, mais aucune preuve n’est jamais venue l’étayer. En fait, les éléments présentés publiquement étaient maigres et exagérés.

Le deuxième argument voulait que remplacer Saddam Hussein par un régime démocratique contribuerait à transformer l’environnement politique du Moyen-Orient. Plusieurs membres néo-conservateurs de l’administration avaient appelé à un changement de régime en Irak avant d’entrer en fonction, sans toutefois parvenir à en faire une réalité politique durant les huit premiers mois de l’administration Bush. Après le 11 septembre 2001, ils se sont hâtés de profiter de l’occasion offerte par ces attentats terroristes.

Bush a souvent parlé d’un changement de régime et d’un ordre du jour en faveur de la liberté et ses partisans ont évoqué le rôle de l’occupation militaire américaine dans la démocratisation de l’Allemagne et du Japon après la Seconde guerre mondiale. Mais l’administration Bush a utilisé sans discernement les analogies historiques et s’est montrée négligente dans sa préparation inadéquate de l’occupation de l’Irak.

Le troisième argument était d’empêcher Saddam Hussein de se doter d’armes de destruction massive. Il était clair pour une grande partie de la communauté internationale que Hussein défiait les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies depuis plus de dix ans. De plus, la résolution 1441 ordonnait sans ambiguïté à Bagdad de détruire tous ses programmes d’armes de destruction massive sous peine d’un recours à la force.

Bien que Bush se soit par la suite trouvé en défaut lorsque les inspecteurs n’ont trouvé aucune arme de ce genre, l’idée que Saddam Hussein les avait développées était partagée par de nombreux pays. Procéder avec prudence aurait donné un peu plus de temps aux inspecteurs, mais Bush n’était pas le seul à se tromper.

Bush a dit que l’histoire lui donnerait raison et il s’est comparé au président Harry Truman, dont la présidence est perçue comme positive aujourd’hui, alors qu’il était au plus bas dans les sondages à la fin de son mandat à cause de la guerre de Corée. On peut toutefois se demander si l’histoire montrera la même indulgence envers la présidence de Bush.

Le biographe du président Truman, David McCullough, pense qu’un demi siècle doit s’écouler avant de pouvoir évaluer correctement une présidence. Mais une décennie après celle de Truman, le Plan Marshall et l’Otan étaient déjà des réalisations solides. Bush ne peut se targuer de succès analogues pour compenser sa mauvaise gestion de l’Irak.

Si l’histoire tend à ne montrer aucune clémence envers les malchanceux, les historiens jugent les dirigeants en fonction des causes de leur chance ou malchance. Un bon entraîneur sportif analysera le jeu de son équipe et celui de leur adversaire de façon à retirer un enseignement des erreurs commises et profiter de la « chance ». Mais une perception erronée de la réalité et une prise de risque excessive et inutile sont souvent synonyme de « malchance ». Il est probable que les historiens de demain reprocheront à Bush ces défauts.

Même si des événements fortuits débouchent sur un meilleur Moyen-Orient dans les dix ans à venir, les historiens critiqueront le processus de décision de Bush et la manière dont il a distribué les risques et les coûts de ses actions. Guider son peuple au sommet de la montagne est une chose ; c’en est une autre de l’amener au bord du gouffre.

Traduit de l’anglais par Julia Gallin

Copyright Project Syndicate


Joseph S. Nye est professeur à Harvard et auteur de The Future of Power (L’avenir du pouvoir – ndlt).


For additional reading on this topic please see:

Iraq: Politics, Governance, and Human Rights

Iraq’s Problems and Fears for the Future

Peacebuilding Efforts of Women from Afghanistan and Iraq


For more information on issues and events that shape our world please visit the ISN’s featured editorial content and Security Watch.

The Iraq War Ten Years Later

Iraqi power
Iraqi power. Photo: United States Forces – Iraq (Inactive)/flickr.

CAMBRIDGE – This month marks the tenth anniversary of the controversial American-led invasion of Iraq. What has that decision wrought over the last decade? More important, was the decision to invade rightly made?

On the positive side, analysts point to the overthrow of Saddam Hussein, the creation of an elected government, and an economy growing at nearly 9% per year, with oil exports surpassing their pre-war level. Some, such as Nadim Shehadi of Chatham House, go further, arguing that, while “the US certainly bit off more than it could chew in Iraq,” America’s intervention “may have shaken the region out of [a] stagnation that has dominated the lives of at least two generations.”

حرب العراق بعد عشر سنوات

Iraqi power
Iraqi power. Photo: United States Forces – Iraq (Inactive)/flickr.

 كمبريدج ــ يصادف هذا الشهر مرور عشر سنوات على غزو العراق المثير للجدال والذي قادته الولايات المتحدة. ولكن ما الذي أسفر عنه ذلك القرار على مدى العقد الماضي؟ والسؤال الأكثر أهمية هو هل كان قرار الغزو صائبا؟

على الجانب الإيجابي، يشير المحللون إلى الإطاحة بصدّام حسين، وتنصيب حكومة منتخبة، واقتصاد ينمو بنسبة تقترب من 9% سنويا، مع تجاوز صادرات النفط مستويات ما قبل الحرب. ويذهب نديم شحادة من تشاثام هاوس أبعد من ذلك، فيزعم أن “الولايات المتحدة أقدمت بلا أدنى شك على مغامرة محفوفة بالمخاطر في العراق”، وأن التدخل الأميركي “ربما أخرج المنطقة من الركود الذي خيم على حياة جيلين على الأقل”.

ويرد المتشككون بأنه من الخطأ الربط بين حرب العراق و”الربيع العربي”، لأن الأحداث التي شهدتها تونس ومصر في عام 2011 ترجع إلى أصول خاصة بالبلدين، في حين أدت تصرفات الرئيس جورج دبليو بوش ولغته الخطابية إلى إفقاد قضية الديمقراطية في المنطقة مصداقيتها بدلاً من تعزيزها. صحيح أن إسقاط صدّام كان مهما، ولكن العراق أصبحت الآن مكاناً يسوده العنف وتحكمه مجموعات طائفية، مع ارتفاع مؤشر الفساد إلى المرتبة 169 من بين 174 دولة.

وكما يزعم المتشككون، فأياً كانت الفوائد التي ترتبت على الحرب فإنها أكثر ضآلة من أن تبرر التكاليف: مقتل أكثر من 150 ألف عراقي و4488 جندي أميركي، فضلاً عن تكاليف الحرب المالية التي اقتربت من تريليون دولار أميركي (هذا غير التكاليف الطويلة الأمد المتمثلة في المشاكل الصحية والعجز نتيجة للإصابات التي لحقت بنحو 32 ألف جندي أميركي).

ربما تبدو قائمة التكاليف هذه مختلفة بعد عقد من الآن، ولكن في هذه المرحلة انتهى أغلب الأميركيين إلى استنتاج مفاده أن المتشككين كانوا على حق، ولقد أثر هذا الاتجاه في التفكير على السياسة الخارجية الحالية للولايات المتحدة. فمن غير المرجح على الإطلاق الآن أن تُقدِم الولايات المتحدة طيلة العقد القادم على الدخول في تجربة احتلال مطولة أخرى لأي دولة. وعلى حد تعبير وزير الدفاع السابق روبرت جيتس قبل استقالته بفترة بسيطة، فإن أي مستشار يوصي بمثل هذا التصرف “لابد أن يكون مختل العقل”.

ويسمي البعض هذا النهج انعزالية، ولكن قد يكون من الأفضل أن نعتبره سلوكاً حصيفاً أو برجماتيا (عمليا). ولنتذكر على أية حال كيف رفض الرئيس دوايت د. أيزنهاور عام 1954 إرسال قوات أميركية لإنقاذ القوات الفرنسية في ديان بيان فو لأنه خشي أن “تبتلعهم الانقسامات” في فيتنام. ولم يكن أيزنهاور انعزالياً بأي حال من الأحوال.

ورغم أن عقداً من الزمان قد لا يكون كافياً لإصدار حكم نهائي حاسم بشأن التأثيرات الطولية الأمد المترتبة على حرب العراق، فليس من السابق للأوان أن نحكم على العملية التي بنت عليها إدارة بوش قراراتها.

فقد استخدم بوش والمسؤولون في إدارته ثلاث حجج رئيسية لتبرير غزو العراق. الأولى ربطت صدّام بتنظيم القاعدة. وتُظهِر استطلاعات الرأي العام أن العديد من الأميركيين تقبلوا كلمة الإدارة حول هذه الصلة، ولكن الأدلة لم تدعم وجودها. والواقع أن الأدلة التي تم تقديمها للناس كانت هزيلة ومبالغ في تقدير ثقلها.

وكانت الحجة الثانية تتلخص في أن وضع نظام ديمقراطي في محل صدّام كان وسيلة لتحويل سياسة الشرق الأوسط. ذلك أن عدداً من الأعضاء من المحافظين الجدد في الإدارة الأميركية كانوا يحضون على تغيير النظام في العراق قبل فترة طويلة من توليهم مناصبهم، ولكنهم لم يتمكنوا من تحويل الأمر إلى سياسة خلال الأشهر الثمانية الأولى من عمر الإدارة. وبعد الحادي عشر من سبتمبر/أيلول 2001، سارعوا إلى الدفع بسياستهم عبر نافذة الفرصة التي أتاحتها الهجمات الإرهابية.

وتحدث بوش كثيراً عن تغيير النظام و”أجندة الحرية”، مع استشهاد المؤيدين بالدور الذي لعبه الاحتلال العسكري الأميركي في جلب الديمقراطية إلى ألمانيا واليابان بعد الحرب العالمية الثانية. ولكن إدارة بوش كانت مهملة في استخدامها لقياسات تاريخية ومتهورة في استعداداتها غير الكافية لفرض احتلال فعّال على الأرض.

وتركز الحجة الثالثة على منع صدّام من امتلاك أسلحة الدمار الشامل. تتفق أغلب الدول على أن صدّام تحدى قرارات مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة أعواماً طويلة. فضلاً عن ذلك فإن القرار 1441 ألقى بعبء الإثبات على صدّام.

وبرغم الانتقادات التي وجهت إلى بوش في وقت لاحق عندما عجز المفتشون عن العثور على أسلحة الدمار الشامل، فإن الاعتقاد بأن صدّام كان يمتلك هذه الأسلحة كان شائعاً على نطاق واسع في دول أخرى. ولعل الحلم كان ليمنح المفتشين المزيد من الوقت، ولكن بوش لم يقع وحده في ذلك الخطأ.

قال بوش إن التاريخ سوف يبرئه، وقارن نفسه بالرئيس هاري س. ترومان الذي تركه منصبه وكانت مستويات شعبيته في الاستطلاعات قد انخفضت كثيراً بسبب الحرب الكورية، ولكنه اليوم يحظى باحترام كبير رغم ذلك. تُرى هل يكون التاريخ بهذا الكرم مع بوش؟

يلفت ديفيد مكولوج كاتب سيرة ترومان نظرنا إلى ضرورة مرور نحو خمسين عاماً قبل أن يتمكن المؤرخون حقاً من تقييم رئاسة ما. ولكن بعد عقد واحد من رحيل ترومان عن منصبه، كان المحللون ينظرون إلى خطة مارشال وتحالف منظمة حلف شمال الأطلسي باعتبارهما من الإنجازات الراسخة. أما بوش فإن يفتقر إلى أي نجاح مشابه للتعويض عن سوء إدارته لمسألة العراق.

إن التاريخ يميل إلى التعامل بقسوة مع غير المحظوظين، ولكن المؤرخين يحكمون أيضاً على الزعماء من خلال أسباب حظوظهم. فالمدرب الرياضي الجيد يحلل فريقه والفريق الخصم، حتى يتسنى له أن يستفيد من الأخطاء ومن “الحظ الطيب” في نفس الوقت. وعلى النقيض من هذا، فإن الاستقراء المتهور للواقع وخوض المجازفات بلا ضرورة يشكل غالباً جزءاً من “سوء الحظ”. ومن المرجح أن يُحَمِّل المؤرخون في المستقبل بوش المسؤولية عن أوجه القصور هذه.

وحتى لو أدت أحداث غير متوقعة إلى شرق أوسط أفضل من حاله الآن بعد عشرة أعوام، فإن المؤرخين في المستقبل سوف ينتقدون الطريقة التي اتخذ بها بوش قراراته وأسلوبه في توزيع المخاطر والتكاليف المترتبة على تصرفاته. فهل يستوي إرشاد الناس إلى قمة الجبل والدفع بهم إلى حافة الهاوية؟ لا يستوي الأمران بكل تأكيد.

ترجمة: إبراهيم محمد علي          Translated by: Ibrahim M. Ali

Copyright Project Syndicate


جوزيف س. ناي، الابن أستاذ بجامعة هارفارد، ومؤلف الكتاب الذي من المقرر أن يصدر قريباً بعنوان “الزعامة الرئاسية وإنشاء الحقبة الأميركية”.

For additional reading on this topic please see:

Iraq: Politics, Governance, and Human Rights

Iraq’s Problems and Fears for the Future

Peacebuilding Efforts of Women from Afghanistan and Iraq


For more information on issues and events that shape our world please visit the ISN’s featured editorial content and Security Watch.

La guerra del Iraq diez años después

Iraqi power
Iraqi power. Photo: United States Forces – Iraq (Inactive)/flickr.

CAMBRIDGE – Este mes se cumple el décimo aniversario de la polémica invasión del Iraq, encabezada por los Estados Unidos. ¿Qué consecuencias ha tenido esa decisión a lo largo del último decenio? Y, lo que es más importante, ¿fue una decisión correcta la de invadir el Iraq?

En el lado positivo, los analistas señalan el derrocamiento de Sadam Husein, la creación de un gobierno democráticamente elegido y una economía que crece al nueve por ciento al año, con unas exportaciones de petróleo que superan el nivel anterior a la guerra. Algunos, como, por ejemplo, Nadim Shehadi, de Chatham House, van más lejos, al sostener que, si bien “no cabe duda de que los EE.UU. abarcaron más de lo que podían apretar en el Iraq”, su intervención “puede que  sacudiera la región para sacarla de un estancamiento que ha marcado la vida de al menos dos generaciones”.

Los escépticos replican que sería un error vincular la guerra del Iraq a la “primavera árabe”, porque los acontecimientos habidos en Túnez y Egipto en 2011 tuvieron sus propios orígenes, mientras que las acciones y la retórica del Presidente George W. Bush desacreditaron la causa de la democracia en esa región, en lugar de hacerla avanzar. Derribar a Sadam fue importante, pero el Iraq es ahora un país violento gobernado por un grupo sectario, con un índice de corrupción correspondiente al puesto 169º de entre 174 países.

Fueran cuales fuesen los beneficios de la guerra, son, según los escépticos, demasiado escasos para justificar los costos: más de 150.000 iraquíes y 4.488 soldados americanos muertos y un costo de casi un billón de dólares (sin incluir los costos de salud e invalidez a largo plazo correspondientes a 32.000 soldados de los EE.UU. heridos.)

Tal vez ese balance parezca diferente dentro de un decenio, pero en este momento la mayoría de los americanos han llegado a la conclusión de que los escépticos tienen razón, cosa que ha influido en la actual política exterior de los EE.UU. En el próximo decenio, es muy improbable que los EE.UU. intenten hacer otra ocupación y transformación prolongadas de otro país. Como dijo el ex Secretario de Defensa Robert Gates poco después de dimitir, cualquier asesor que recomendara semejantes acciones “debería hacerse examinar la cabeza”.

Algunos lo llaman aislacionismo, pero sería mejor llamarlo prudencia o pragmatismo. Al fin y al cabo, el Presidente Dwight D. Eisenhower se negó en 1954 a enviar tropas de los EE.UU. para salvar a los franceses en Dien Bien Phu, porque temía que fueran “tragados por las divisiones” de Vietnam e Ike no era un aislacionista precisamente.

Si bien un decenio puede no ser suficiente para emitir un veredicto sobre las consecuencias a largo plazo de la guerra del Iraq, sí que lo es para juzgar el proceso mediante el cual el gobierno de Bush adoptó sus decisiones.

Bush y sus funcionarios utilizaron tres argumentos principales para justificar la invasión del Iraq. El primero vinculaba a Sadam Husein con Al Qaeda. Las encuestas de opinión pública muestran que muchos americanos aceptaron la palabra del Gobierno sobre dicha vinculación, pero las pruebas no la han corroborado. De hecho, las pruebas presentadas públicamente eran poco fundamentadas y exageradas.

El segundo argumento era el de que la substitución de Sadam por un régimen democrático era una forma de transformar la política de Oriente Medio. Varios miembros neoconservadores del Gobierno habían instado a cambiar el régimen del Iraq mucho antes de ocupar su cargo, pero no fueron capaces de formular y aplicar una política al respecto durante los ocho primeros meses de gobierno. Después del 11 de septiembre de 2001, se apresuraron a aprovechar la oportunidad que el ataque terrorista les brindó para colar su política.

Bush habló con frecuencia de cambio de régimen y “programa para la libertad” y sus partidarios citaban el papel desempeñado por la ocupación militar americana en la democratización de Alemania y del Japón después de la segunda guerra mundial, pero el gobierno de Bush no fue cuidadoso en su utilización de las analogías históricas y pecó de imprudente con su insuficiente preparación para una ocupación eficaz.

El tercer argumento se centraba en impedir que Sadam tuviera armas de destrucción en masa. La mayoría de los países estaban de acuerdo en que Sadam había desafiado al Consejo de Seguridad de las Naciones Unidas durante doce años. Además, la Resolución 1441 hizo recaer unánimemente la carga de la prueba en Sadam.

Si bien posteriormente se criticó a Bush cuando los inspectores no encontraron armas de destrucción en masa, en otros países estaba generalizada la opinión de que Sadam las tenía. Una actitud más prudente habría brindado más tiempo a los inspectores, pero Bush no fue el único que se equivocó a ese respecto.

Bush ha dicho que la Historia lo absolverá y se compara con el Presidente Harry S. Truman, quien dejó el cargo con calificaciones bajas de las encuestas de opinión por culpa de la guerra de Corea y, sin embargo, actualmente se tiene buen concepto de él. ¿Será de verdad la Historia tan benévola con Bush?

El biógrafo de Truman David McCullough avisa de que antes de que los historiadores puedan evaluar una presidencia deben transcurrir 50 años, pero, un decenio después de que Truman abandonara su cargo, el Plan Marshall y la alianza de la OTAN ya estaban considerados logros sólidos. Bush no cuenta con éxitos comparables para compensar su mala gestión en el Iraq.

La Historia suele ser mezquina con los desafortunados, pero los historiadores también juzgan a los dirigentes por las causas de su suerte. Los buenos entrenadores analizan su juego y el de su oponente para capitalizar los errores y beneficiarse de la “buena suerte”. En cambio, la imprudencia al buscar y presentar pruebas y la exposición innecesaria al riesgo forman parte con frecuencia de la “mala suerte”. Es probable que los historiadores futuros critiquen a Bush por esas deficiencias.

Aun cuando acontecimientos fortuitos propicien un Oriente Medio mejor dentro de diez años, los historiadores futuros criticarán la forma como Bush adoptó sus decisiones y distribuyó los riesgos y los costos de sus acciones. Una cosa es guiar a personas montaña arriba y otra muy distinta conducirlas al borde de un precipicio.

Traducido del inglés por Carlos Manzano.

Copyright Project Syndicate


Joseph S. Nye es profesor en la Universidad de Harvard y autor de libro Presidential Leadership and the Creation of the American Era (“La dirección presidencial y la creación de la era americana”), de próxima publicación.


For additional reading on this topic please see:

Iraq: Politics, Governance, and Human Rights

Iraq’s Problems and Fears for the Future

Peacebuilding Efforts of Women from Afghanistan and Iraq


For more information on issues and events that shape our world please visit the ISN’s featured editorial content and Security Watch.

Se viene otro siglo del Atlántico

Saharan dust reaches the Americas
Saharan dust reaches the Americas. Photo: NASA’s Marshall Space Flight Center/flickr.

PRINCETON – Estados Unidos está en ascenso, Europa se estabiliza, y ambos están acercándose. Ese fue el mensaje principal de la Conferencia de Seguridad de Múnich (CSM) de este año, que se celebró a principios de este mes con la asistencia de una importante nómina de ministros de defensa y de asuntos exteriores, veteranos militares, parlamentarios, periodistas y toda clase de expertos en seguridad nacional.

La conferencia reúne sobre todo a participantes venidos de Europa y Estados Unidos; de hecho, cuando se la instituyó en 1963, estaba dirigida exclusivamente a miembros de la OTAN. Pero este año, también participaron funcionarios públicos de alto nivel procedentes de Brasil, China, India, Nigeria, Singapur, Qatar y Arabia Saudita, signo importante de los tiempos que corren.

John McCain, senador estadounidense y candidato presidencial en 2008, siempre va a Múnich a la cabeza de una nutrida delegación de congresistas. El gobierno estadounidense también suele enviar al Secretario de Defensa o al Secretario de Estado para pronunciar un discurso ritual de reafirmación de la confianza europea en la fortaleza de la alianza transatlántica. Este año, el honor correspondió al vicepresidente Joe Biden, con lo que el nivel de la representación estadounidense subió un escalón.

La conferencia también incluyó un panel sobre un tema inusitado: “La bonanza petrolera y gasífera estadounidense y los cambios en la geopolítica de la energía”. El enviado especial y coordinador internacional para asuntos de energía de Estados Unidos, Carlos Pascual, describió la “revolución energética interna de los Estados Unidos”, dada por un aumento del 25% en la producción de gas natural (por el cual se espera un abaratamiento del gas estadounidense) y por una producción de petróleo suficiente para reducir las importaciones del 60% al 40% de lo que se consume (con previsiones que hablan de un 10% de aumento adicional).

Pascual pronosticó que en 2030 Estados Unidos será capaz de importar toda la energía que necesite desde países del continente americano. Un reciente estudio confidencial de la agencia alemana de inteligencia plantea incluso la posibilidad de que de aquí a 2020 Estados Unidos se convierta en un país exportador de gas y petróleo, a diferencia de ahora, que es el mayor importador de energía del mundo (honor que en el futuro probablemente recaiga en una China que aumentará su dependencia de Oriente Próximo). Por si fuera poco, el aumento del uso de gas respecto de otras fuentes de energía en Estados Unidos redujo las emisiones de dióxido de carbono estadounidenses a los niveles de 1992.

La percepción de que corren buenos tiempos para Estados Unidos (algo que últimamente no se escucha muy a menudo en el resto del mundo) se intensificó cuando los panelistas describieron el importante efecto positivo que tiene sobre la competitividad del país el abaratamiento de la energía consumida por las fábricas estadounidenses. Otra consecuencia es que las reservas energéticas del país se convirtieron en un imán para las inversiones. El ministro alemán de economía y tecnología, Philipp Rösler, dijo que muchas empresas alemanas se están mudando a Estados Unidos porque allí la energía es más barata.

En un mismo nivel de importancia, los panelistas expusieron cómo el gas natural licuado está ganándole terreno al que se transporta por gasoductos, algo con enormes consecuencias geopolíticas. Para explicarlo en pocas palabras: el gas exportado en forma líquida es un bien fungible. Es decir, supongamos que Rusia restringe el flujo de gas a Ucrania por razones políticas, pero el resto de Europa tiene acceso a gas de otras fuentes; entonces Europa puede revender gas a Ucrania exportándolo a través del mar Báltico.

Jorma Ollila, presidente de Royal Dutch Shell, describió el mapa mundial de los principales yacimientos de gas y petróleo de esquisto (shale). La ya mencionada Ucrania cuenta con la tercera reserva más importante de Europa; otros países con grandes yacimientos son Polonia, Francia, China, Indonesia, Australia, Sudáfrica, Argentina y México. Mientras tanto, Estados Unidos ya sobrepasó a Rusia como principal productor de gas del mundo.

Estos datos concitaron la atención del ministro de asuntos exteriores de Brasil, Antonio de Aguiar Patriota. En un panel titulado “Las potencias emergentes y la gobernanza mundial”, Patriota se refirió al debate energético y señaló que las potencias emergentes deben recordar que “las potencias establecidas no se están hundiendo”. En síntesis, de pronto se dio vuelta la difundida tesis que habla de la decadencia de Occidente.

Del lado europeo también se advierte un futuro más venturoso. En el panel de apertura sobre “La crisis del euro y el futuro de la Unión Europea” predominó un cauto optimismo. Aunque ninguno de los participantes opinó que los problemas de Europa están resueltos, tampoco hubo ninguno que previera una desintegración de la eurozona. Por el contrario, el ministro alemán de finanzas, Wolfgang Schäuble, dejó en claro que Alemania está decidida a llegar a la solución de los problemas de la eurozona. Y a un destacado economista presente en el público, que predijo muchas veces la desaparición de la eurozona, se lo vio apurado por rectificarse.

Aparte de los informes que hablan de un ascenso de Estados Unidos (a pesar de sus problemas fiscales) y de una estabilización de Europa (a pesar de las dificultades que atraviesa la moneda común), la conferencia incluyó un discurso de Biden que excedió en mucho la habitual retórica de reafirmación que llevan los políticos estadounidenses a las capitales europeas. Biden dijo a los concurrentes que el presidente de los Estados Unidos, Barack Obama, cree que “Europa es la piedra basal de nuestro compromiso con el resto del mundo” y “el catalizador de nuestra cooperación global”.

Biden señaló que “Europa es el mayor socio económico de Estados Unidos” y citó cifras que la presidencia de Obama, con su énfasis en Asia, a menudo pareció olvidar: “intercambios comerciales por más de 600.000 millones de dólares anuales, que crean y sostienen millones de puestos de trabajo en Europa y en Estados Unidos; y una relación comercial que en conjunto asciende a los 5 billones de dólares”. Biden sugirió incluso la posibilidad de un “acuerdo integral transatlántico sobre comercio e inversiones”. Una semana más tarde, en su Discurso sobre el Estado de la Unión, Obama anunció el inicio de negociaciones para la búsqueda de ese acuerdo.

Biden concluyó con un golpe de efecto: “Europa sigue siendo el socio indispensable de Estados Unidos y el primero de todos. Y si me perdonan que suene un poco presuntuoso, creo que seguimos siendo el socio indispensable de Europa”. Estas rotundas palabras reflejan un cambio de mentalidad en Washington. Como declaró la ex secretaria de Estado, Hillary Clinton, en uno de sus últimos discursos sobre política exterior, el plan de Estados Unidos no es girar hacia Asia y abandonar a Europa, sino girar hacia Asia con Europa.

Los buenos tiempos para Occidente avanzan en forma lenta pero segura. En conjunto, Europa y Estados Unidos contribuyen más del 50% del PIB global, disponen de la mayor fuerza militar del mundo (por varios múltiplos) y controlan una proporción creciente de las reservas energéticas mundiales. También tienen formidables recursos diplomáticos y de asistencia al desarrollo, en representación de una comunidad pacífica de democracias con un compromiso común con los derechos, la dignidad y el potencial de todos los seres humanos.

¿Cómo sería el mundo si esa comunidad se extendiera por la costa occidental de América Latina y la costa oriental de África? Bien puede ser que haya otro siglo del Atlántico.

Traducción: Esteban Flamini

Copyright Project Syndicate

Anne-Marie Slaughter, a former director of policy planning in the US State Department (2009-2011), is Professor of Politics and International Affairs at Princeton University.

For additional reading on this topic please see:

AU-NATO Collaboration: Implications and Prospects

Brazilian Perspectives on the Changing Global Order and Security Challenges

Honduras-US Relations


For more information on issues and events that shape our world please visit the ISN’s featured editorial content and Security Watch.