[Liens en français, sauf mention contraire] Le 11 janvier 2013, le gouvernement de la République Centrafricaine dirigé par le Président François Bozizé a scellé un nouveau traité de paix avec la coalition rebelle Séléka. L’accord est survenu après un mois d‘instabilité militaire et politique où les rebelles ont avancé vers la capitale Bangui dans une tentative de renverser Bozizé par les armes. Cet accord est supposé aboutir à la désignation d’un nouveau premier ministre ainsi qu’à la formation d’un gouvernement d’unité nationale. Selon Centrafrique Presse Info, le président Bozizé devrait tenir sa parole et respecter la décision de nommer Nicolas Tiangaye, avocat et ancien président de la Ligue Centrafricaine des droits de l’Homme, nouveau premier ministre du pays.
Qui est Séléka ?
En dépit des tentatives des rebelles d’imposer leur mainmise sur une région importante de la Centrafrique, l’on sait peu de choses sur Séléka et sur les partenaires de sa coalition. L’Observateur soulève par exemple les questions suivantes :
Qui est cette rébellion ? D’où sort-elle ? De qui reçoit-elle les financements ? Autant de questions dont les réponses ne sont pas faciles.
Pour certains analystes, comme Thierry Vircoulon, chercheur à l’International Crisis Group (ICG), les insurgés centrafricains bénéficient d’une logistique importante et sans doute des soutiens politiques au Tchad. (…)
Ce pays est depuis une dizaine d’années le protecteur de la Centrafrique. La libération des geôles de N’Djamena dans les mois passés de plusieurs opposants, aujourd’hui dans les rangs de Séléka, étaye notamment les soupçons. Tout comme la passivité montrée ces derniers jours par la force d’interposition tchadienne dépêchée à Sibut, un verrou à une centaine de kilomètres de Bangui.
Un câble diplomatique de l’ambassade américaine à Bangui en 2009, publié par Wikileaks, confirme les soupçons d’une implication du Tchad dans le soutien aux rebelles. Mais Séléka a toujours nié être soutenu par une puissance étrangère, une position réaffirmée récemment, à savoir le 1er janvier 2013. Ces déclarations n’ont toutefois pas empêché le président Bozizé d’accuser le groupe d’être manipulé par des acteurs étrangers.
Mobilisation africaine
Le regain de violence a poussé les états africains a redéployer leurs troupes pour soutenir la MICOPAX, l’opération de maintien de la paix en Centrafrique, sous l’égide de la CEEAC. Le 6 janvier, l’Afrique du Sud a également annoncé l’envoi de 400 soldats à la dite République, une décision critiquée par l’opposition. La décision de Pretoria s’inscrit dans le cadre de l’assistance militaire que l’Afrique du Sud a toujours procuré à la République Centrafricaine. En 2006, par exemple, l‘ambassade américaine à Pretoria [anglais], révélait que l’Afrique du Sud avait accepté d’accorder assistance et formation militaire à la République Centrafricaine, arguant que la stabilité dans la région était importante pour l’intérêt général du pays.
Toutefois, dans une tribune d’opinion publiée sur Le Plus Nouvel Obs, Florence Gabay, Vice-Présidente de l’Institut Robert Schuman pour l’Europe, suggère qu’une telle mobilisation représente un tournant décisif pour la résolution du conflit dans cette partie de l’Afrique :
Il est intéressant de noter que la force apaisante est ici une force économique, la CEEAC. C’est un fait lourd de sens : Benjamin Constant décrivit fameusement comment le commerce tendait de plus en plus à se substituer aux conflits armés. L’Afrique en montre des signes clairs : on ne fait pas la paix d’abord au nom d’abstractions, au nom d’idéaux, si nobles soient-ils, mais on la fait au nom d’intérêts économiques.
Des assises solides pour une paix durable ?
C’est donc dans ce cadre que certains observateurs s’interrogent sur la capacité de cet accord à apporter une paix durable en Centrafrique. Survie, une ONG française critique vis à vis du “système de la Françafrique”, a publié un article décrivant la République Centrafricaine “comme un malade en phase terminale“. Son auteur, Raphaël de Benito, laisse entendre que tous les signes de la prochaine crise sont présents :
L’accord qui en a découlé ne satisfait personne : Bozizé allant jusqu’au bout de son mandat en 2016, flanqué d’un premier ministre de l’opposition civile tandis que la coalition Séléka rentre bredouille au grand dam de ses chefs militaires qui contrôlent la majeure partie du pays.
For additional reading on this topic please see:
Central African Republic: Peacebuilding Without Peace
Reintegrating Ex-Combatants in the Great Lakes Region
Central African Republic: Keeping the Dialogue Alive
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