[Liens en anglais] Un certain nombre de contrats militaires devraient être conclus quand le Président Poutine se rendra en Inde en novembre pour les entretiens annuels au sommet avec le Premier ministre indien, Manmohan Singh.
L’Inde et la Russie ont une longue histoire de coopération militaire, la Russie étant le principal partenaire de l’Inde. Selon Russia Today, entre 1960 et 2000, la Russie a vendu à l’Inde pour environ 35 milliards de dollars US d’équipements militaires. Au cours des années, leurs relations ont évolué [pdf] d’une simple relation vendeur-client à un partenariat comprenant des programmes de recherche et de développement communs, la production et le marketing de technologies de défense avancées, dont des missiles, des roquettes, des avions de chasse et des avions de transport.
Cependant, des paysages politiques en évolution pourraient obliger les alliés à réconsidérer leurs intérêts. L’Inde accomplit des avancées dans ses relations en matière de défense avec les Etats-Unis, mais la Russie souhaite à nouveau renforcer son rôle et son influence dans toute l’Asie du Sud. Les initiatives de Moscou comprennent le Dushanbe Group of Four (le Groupe des quatre de Buchanbe), une initiative de coopération entre la Russie, le Tadjikistan, l’Afghanistan et le Pakistan. A la faveur de l’ambivalence des relations entre les Etats-Unis et le Pakistan, Moscou s’est aussi rapproché du Pakistan, au grand dam de l’Inde.
Dans un commentaire sur le tour que prennent les évènements, Brahma Chellaney, professeur d’études stratégiques au Centre for Policy Research (Centre pour la recherche politique) de New Delhi, a tweeté :
@Chellaney: Nouvelle géopolitique, nouvelles équations : alors que l’Inde se rapproche des USA, le Pakistan construit une nouvelle relation, avec des visites de haut niveau.
Amis et ennemis
Le Président Poutine était supposé se rendre au Pakistan début octobre, mais a repoussé son voyage à la dernière minute. La Russie a cherché ensuite à apaiser les inquiétudes de l’Inde en assurant qu’elle ne vendrait pas d’armes au Pakistan. Mais des sourcils se sont froncés quand une réunion de la Commission inter-gouvernementale Inde-Russie sur la coopération militaire et technique (acronyme anglais : IRIGC-MTC) à New Delhi a été repoussée du 4 octobre au 10 octobre car le ministre russe de la Défense, Anatoly Serdyukov, devait supposément participer à un évènement organisé par Poutine. Il se trouve qu’au même moment, le Chef d’état major de l’armée pakistanaise Ashfaq Parvez Kayani se trouvait à Moscou. A peu près à la même période, le ministre des Affaires étrangères russe Sergei Lavrov a également repoussé sa visite en Inde pour se rendre à Islamabad.
Blogueur spécialiste des affaires militaires, Prasun K. Sengupta expose son point de vue sur ce que sera selon lui la nature de la coopération entre le Pakistan et la Russie. Il écrit :
Il est intéressant de noter que Moscou a manifesté la volonté de bien accueillir les ouvertures proposées par le Pakistan à la condition que le Pakistan prennent en compte les inquiétudes de la Russie sur la sécurité régionale en Asie centrale, étant donné que la ceinture Gilgit-Baltistan/Khyber Pakhtunkhwa [fr] du Pakistan est séparée du Tadjikistan par l’étroit corridor du Wakhan [fr] en Afghanistan et que cette ceinture du Pakistan a aussi une frontière avec Kachgar, préfecture d’une province chinoise troublée, le Xinjiang. Pour ce faire, il se dit que la Russie serait prête à concéder des mesures importantes d’assistance à la sécurité du Pakistan, qui devraient comprendre 12 nouveaux hélicoptères Mi-171 (qui seront construits par l’usine d’avions Ulan-Ude) et des centaines de lanceurs de roquettes portables RPO-A Shmel (Bumblebee), des roquettes thermobariques à épaule, armes dont a besoin d’urgence l’armée pakistanaise pour sa prochaine contre-offensive contre les insurgés au North Waziristan.
L’Inde ne craint pas seulement un rapprochement entre le Pakistan et la Russie, elle est aussi inquiète des retards de livraisons de certains matériels et technologies russes. Le porte-avion Amiral Gorshkov (désormais rebaptisé INS Vikramaditya) ne sera par exemple pas prêt à être transféré avant la fin 2013.
Pour sa part, la Russie ne voit pas d’un bon oeil l’Inde et les Etats-Unis renforcer leur coopération militaire, ni qu’elle diversifie ses fournisseurs de nouveaux matériels militaires auprès de nations telles que les Etats Unis, Israël et la France.
Certains experts russes ont cité ceci comme l’une des raisons pour lesquelles la Russie doit rechercher de nouveaux marchés, un sentiment partagé par certains internautes de ce pays :
@ForcesFocus: Le copinage de l’Inde avec les Américains l’éloigne lentement de ses vieux amis. La #Russie préfère rencontrer le COAS (chef des armées) du #Pakistan que le ministre indien de la Défense.
Quoi qu’il en soit, l’Inde tout comme la Russie semblent travailler à un”rééquilibrage des relations” et procéder à davantage d’accords. La Russie est toujours le principal fournisseur de matériel militaire de l’Inde et continuera, selon les prévisions, à être le premier importateur d’armes russes, pour une valeur d’achat augmentant à 8,2 milliards de USD pour la période 2008-2011 à 14,3 milliards entre 2012 et 2015.
For further information on the topic, please view the following publications from our partners:
India-Russia Strategic Partnership
From Isolation to Partnership: The Evolution of India’s Military Diplomacy
Russia in India’s National Strategy
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