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Quel sera le siècle de l’Asie ?

War Memorial of Korea – honor guard ceremony and museum exhibits – Seoul, South Korea, courtesy of Expert Infantry/Flickr

NEW YORK – On a pris l’habitude de prédire que l’Asie va dominer le XXIème siècle. Il s’agit d’une prédiction peu risquée, étant donné que l’Asie représente déjà près de 60% de la population et environ 25% de la production économique mondiale. L’Asie est aussi la région où la plupart des pays les plus influents de ce siècle interagissent, à savoir la Chine, l’Inde, le Japon, la Russie, la Corée du Sud, l’Indonésie et les Etats-Unis.

Mais mentionner l’importance croissante de l’Asie ne dit rien quant à son caractère. Il peut y avoir deux types très différents de siècle de l’Asie et celui des deux qui l’emportera aura de profondes conséquences pour les peuples et les gouvernements de la région et pour le monde.

Un avenir possible est une Asie qui relativement familière : une région dont les économies continuent de bénéficier d’un niveau soutenu de croissance et qui parvient à éviter les conflits mutuels.

Le second avenir pourrait être bien différent : une Asie aux tensions grandissantes, avec des budgets militaires en hausse et une croissance économique plus lente. Ces tensions pourraient déborder et mettre à mal le commerce, le tourisme et les investissements, surtout si des incidents se produisent entre forces aériennes et navales rivales opérant à proximité ou autour des eaux territoriales et des territoires contestés. Le cyberespace est un autre domaine dans lequel la concurrence pourrait devenir incontrôlable.

La question est la suivante : est-ce que l’Asie du XXIème siècle ressemblera à l’Europe, la région qui a dominé une grande partie de l’Histoire moderne au cours de la première moitié du XXe siècle, qui a connu deux guerres aux coûts et aux ravages sans précédent – ou bien à la seconde moitié, où les tensions avec l’Union soviétique ont été efficacement contrôlées et où  l’Europe occidentale a connu une paix et une prospérité sans précédent ?

La référence à l’Europe est instructive, parce que l’Europe n’a pas seulement eu de la chance. L’Histoire s’est déroulée de la sorte uniquement parce que ses dirigeants politiques ont fait preuve d’une grande vision et de discipline. En conséquence, des adversaires de longue date comme la France et l’Allemagne se sont réconciliés dans un projet régional – d’abord une communauté du charbon et de l’acier, qui fut élargie pour devenir la Communauté Economique Européenne et finalement l’Union européenne, qui a procédé à une intégration politique et économique du continent à un point tel que les conflits violents sont devenus inconcevables.

Tout ceci mérite réflexion, parce que peu de parallèles peuvent être faits à propos de l’Asie contemporaine. La région se caractérise plutôt par l’absence d’accords et d’institutions régionales significatives, notamment dans les domaines politico-militaires et de sécurité. En outre, un manque marqué de réconciliation et de règlement des différends de longue date rend bien trop facilement concevable, non seulement un incident militaire impliquant deux ou plusieurs pays voisins, mais aussi la possibilité qu’un tel incident mène à un phénomène plus étendu.

Beaucoup parmi ces conflits remontent à la Seconde Guerre mondiale, voire même plus loin. La Corée et la Chine nourrissent un fort sentiment antijaponais. Il n’y a pas de traité de paix entre la Russie et le Japon et les deux pays se disputent les îles Kouriles (connues au Japon sous le nom de Territoires du Nord). La frontière entre la Chine et l’Inde est également un sujet de discorde.

En effet, le climat de sécurité régionale a empiré au cours des dernières années. Une des raisons est la division persistante de la péninsule coréenne et la menace que fait peser la menace nucléaire de la Corée du Nord sur son propre peuple et ses voisins. La Chine a renforcé les tensions régionales par une politique étrangère, dont font partie des revendications territoriales en Orient et en Mer de Chine méridionale, que l’on peut décrire diplomatiquement comme « autoritaires » et plus brutalement comme étant « de l’intimidation ».

D’autre part le Japon semble déterminé à se sortir de la plupart des contraintes militaires qui lui ont été imposées (et qui ont été adoptées jusque récemment par la grande majorité des Japonais) en raison de son comportement agressif dans les années 1930 et 1940.

Ces évolutions reflètent et renforcent un nationalisme exacerbé dans toute la région. Il est indispensable de disposer d’une diplomatie bilatérale renforcée entre les gouvernements asiatiques pour régler les différends de longue date. A partir de là, des pactes régionaux favorisant le libre-échange et composant avec le changement climatique devraient être négociés. Enfin un forum régional devrait être mis en place pour mieux réguler le déploiement des forces militaires, assorti de mesures de confiance pour réduire les risques d’incident et pour aider à les gérer s’ils devaient se produire.

Certaines mesures nécessaires pourraient être calquées sur celles que l’Europe a réalisées. Mais l’Europe est une bonne référence pour une autre raison : les Européens ont réussi à maintenir la stabilité et à bâtir une grande prospérité au cours des sept dernières décennies, en grande partie du fait de la présence et du rôle des Etats-Unis. Les Etats-Unis, une puissance de l’Atlantique, ont été pleinement intégrés dans les dispositifs économiques et de sécurité de la région.

Un développement de cet ordre-là est susceptible d’être non moins critique pour l’Asie, où les Etats-Unis qui sont aussi une puissance du Pacifique, ont des intérêts vitaux et des engagements profonds. La stratégie de « pivot » l’Amérique en Asie doit donc être conséquente et durable.

Il faudra pour cela que les prochaines administrations des Etats-Unis mettent l’accent sur le libre-échange, sur une augmentation de la présence aérienne et navale des Etats-Unis et investissent dans la diplomatie visant à promouvoir l’intégration de la Chine dans la région, selon des conditions compatibles avec les intérêts des États-Unis, de leurs alliés (Japon, Corée du Sud, Philippines et Australie) et de leurs nombreux amis.

L’alternative est une Asie abandonnée à ses propres appareils, et un siècle de l’Asie qui soit dominé par la Chine ou marqué par de fréquents épisodes de tension diplomatique ou même par des conflits. Peu de gens, en Asie comme ailleurs, profiteraient d’un tel avenir.

Copyright Project Syndicate


Richard N. Haass est président du Conseil des Relations étrangères. Il a dernièrement publié : Foreign Policy Begins at Home: The Case for Putting America’s House in Order.


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الغذاء للجميع

Tetra Pak School Milk in Indonesia, courtesy of Tetra Pak/Wikimedia Commons

لندن ــ مع تضاعف أسعار الغذاء على مدى العقد الماضي، عاد الأمن الغذائي مرة أخرى إلى الأجندة الدولية. فكيف يتسنى للعالم أن ينتج المزيد من الغذاء لإطعام المليار شخص التالين؟ وكيف يمكن زيادة إنتاجية المحاصيل الزراعية؟ وما هي أفضل طريقة لتطوير الزراعة المائية؟

من المؤسف أن هذا التركيز على جانب العرض يغفل عن نصف المشكلة. فالعالم ينتج بالفعل أكثر من ضعف عدد السعرات الحرارية التي يحتاج إليها سكانه من البشر. وما يقدر بنحو ثلث الإنتاج الغذائي العالمي يُهدَر. فحتى في البلدان الفقيرة تُهدَر المواد الغذائية بسبب عدم كفاية مرافق التخزين والثغرات في سلسلة العرض (على سبيل المثال، الافتقار إلى التبريد)؛ وفي البلدان الغنية يُهدَر الغذاء أيضاً في سلسلة العرض، ويتخلص المستهلكون من الكثير من المواد الغذائية الفائضة لديهم.

وعلاوة على ذلك، في العديد من الحالات يكون الفقر وليس نقص المواد الغذائية في السوق السبب وراء الجوع ونقص التغذية. ولا يستطيع الملايين من البشر ببساطة تحمل تكاليف الغذاء الذي يحتاجون إليه، وقد يظل هذا الوضع على حاله إذا زاد المعروض من الغذاء. والواقع أن إصلاح جانب الطلب لتوصيل الطعام المغذي إلى الفقراء ــ وخاصة الأمهات والأطفال الأكثر ضعفا ــ يشكل واحدة من أكثر ضرورات الأمن الغذائي إلحاحا.

ومن الممكن أن تساهم مجموعة واسعة من المبادرات في إيجاد الحلول. فعلى سبيل المثال، من الممكن تحسين الأمن الغذائي على المستوى الجزئي من خلال البرامج التي تقدم الوجبات المجانية للفئات السكانية الضعيفة. ولم تساعد المخططات التي تقدم الوجبات المجانية لأطفال المدارس في تغذية الصغار فحسب؛ بل وساهمت أيضاً في خلق الحافز لدى الآباء لإبقاء أطفالهم في المدرسة.

وتحقق مثل هذه المبادرات نجاحاً بارزاً عندما يتم تكميلها ببرامج توفر القدرة على الوصول إلى المياه النظيفة، والطاقة، ومواقد الطهي الآمنة، وما إلى ذلك. ولا شك أن العمل على الحد من إصابة الأطفال بالإسهال ــ حتى يتسنى للأطفال الحفاظ على القيمة الغذائية التي يحتوي عليها ما يتناولونه من طعام ــ يشكل جزءاً آخر من الحل.

بطبيعة الحال، في البلدان والمناطق الشديدة الفقر، حيث يعجز الناس على تحمل تكاليف شراء الغذاء من الأسواق العالمية، لا ينبغي لنا أن نهمل جانب العرض. وتعزيز إنتاجية المحاصيل الغذائية الأساسية المزروعة محليا (بدلاً من استيرادها) من شأنه أن يزيد من الاكتفاء الذاتي والقدرة على الصمود عندما ترتفع أسعار الغذاء الدولية.

ومن ناحية أخرى، لابد من إيجاد التوازن اللازم بين زيادة الإنتاج الزراعي وما يرتبط بهذا من تكاليف بيئية واجتماعية. ففي الوقت الحالي يجري رفع الناتج في جنوب أميركا، وجنوب شرق آسيا، وأفريقيا الوسطى في الأساس من خلال إزالة الغابات الاستوائية والمراعي والأراضي الرطبة. ويساهم هذا النهج في تغير المناخ، ويعطل الدورات الهيدرولوجية، ويتسبب في تدهور التربة، وكل هذا يعمل على تقويض قدرة كوكب الأرض على إنتاج الغذاء في الأمد البعيد.

وإذا استمرت الاتجاهات الحالية فإن الغالبية العظمى من الأنواع المتبقية سوف تنقرض بحلول نهاية هذا القرن، ومن الواضح أن إنتاج الغذاء، قبل أي عامل آخر، هو الذي أدى إلى هذا الانحدار. والواقع أن أكثر من 80% من كل الطيور والثدييات المعرضة لخطر الانقراض باتت مهددة بفعل الاستخدام غير المستدام للأراضي نتيجة للتوسع الزراعي.

والدرس هنا واضح: يتعين علينا أن نركز اهتمامنا على جعل الإنتاج أكثر كفاءة، والحد من الهدر، ومعالجة مشكلة الاستهلاك غير المستدام.

إن الحد من إهدار الغذاء من الممكن أن يوفر أكثر من 250 مليار دولار على مستوى العالم ــ أو ما يعادل استخدام 65 مليون هكتار من الأراضي الزراعية ــ بحلول عام 2030. إن بناء سلسلة عرض منضبطة الحرارة بالاستعانة بسعة تخزين 30 ألف طن في الصين يكلف أكثر من 100 مليون دولار سنوياً على مدى الأعوام العشرين المقبلة. والواقع أن العديد من البلدان النامية لا تملك ببساطة المال اللازم لمثل هذا الاستثمار. ولكن من خلال التركيز السليم والاستعانة بموارد أكثر تواضعا، تستطيع أن تحسن إلى حد كبير جودة صوامع الغلال حيث يَتلَف أكثر من 30% من المواد الغذائية ــ غالباً تلك التي تقع بالقرب من المناطق الريفية الفقيرة ــ إلى الحد الذي يجعلها غير صالحة للاستهلاك الآدمي.

وهناك بالفعل بعض الاتجاهات الإيجابية التي ينبغي لنا أن نستفيد منها على مستوى عالمي. في الأعوام القليلة الماضية، خفضت الأسر في المملكة المتحدة معدل إهدارها للغذاء بنسبة 21% كما خفضت الشركات من إهدارها بنسبة 8%. والواقع أن عامة الناس أكثر استعداداً للتخلي عن الكمال التجميلي: “فالفواكه والخضراوات غير المنتظمة الشكل تشكل القطاع الأسرع نمواً في سوق المنتجات الطازجة في المملكة المتحدة، والذي أنقذ في العام الماضي وحده 300 ألف طن من المنتجات التي كانت لتهدر لولا ذلك بسبب كونها على الهيئة أو الحجم الخطأ.

تثير مسألة الطلب المتزايد على اللحوم ومنتجات الألبان في الصين والهند قدراً كبيراً من القلق والانزعاج. ولكن استهلاك الفرد من اللحوم في الولايات المتحدة وأوروبا لا يزال أكثر من ثلاثة أمثال ما يستهلكه الفرد في أي من البلدين.

بالإضافة إلى تناول كميات أقل من اللحوم، فإن إنتاجها لابد أن يكون أكثر كفاءة في استخدام الموارد. في الماضي كانت الماشية والأغنام والماعز تتغذى على الأعشاب وغير ذلك من موارد الطاقة غير المتاحة للبشر، في حين كانت الخنازير والدجاجات تتغذى على الفضلات، فتساهم في الإجمال بالتالي في مجموع المتاح من الغذاء. والآن نستخدم نحو ثلث الأراضي القابلة للزراعة لزراعة المحاصيل لإطعام الماشية، وليس لزراعة المحاصيل الغذائية الأساسية للبشر. ويشتري الأغنياء هذه المواد الغذائية لإطعام حيواناتهم، فيزايدون بذلك على الفقراء الذين يريدون شراءها لإطعام أطفالهم.

وفقاً لتقديرات برنامج الأمم المتحدة للبيئة فإن استخدام المزيد من المنتجات الثانوية والنفايات لإطعام الماشية من الممكن أن يحرر القدر الكافي من الغذاء في السوق العالمية لإطعام ثلاثة مليارات نسمة إضافية. وتدعو حملة فكرة الخنزير إلى إلغاء التشريعات في الاتحاد الأوروبي وبعض الولايات الأميركية التي تحظر استخدام النفايات الغذائية لإطعام الخنازير والدجاج بسبب خطر انتقال الأمراض من الحيوانات إلى البشر. ولكن مثل هذه المخاطر يمكن إدارتها بفعالية من خلال الاستعانة بالنظم العلاجية اللائقة (كما هي الحال في اليابان وكوريا الجنوبية). وسوف تكون الفوائد البيئية والاقتصادية والاجتماعية هائلة.

إن الأرض قادرة على إطعام الجميع. والفشل في معالجة المشاكل التي تؤثر على كميات العرض والطلب يرجع إلى قدر غير مسبوق من سوء الإدارة ويشكل جريمة في حق فقراء العالم، والأنواع الأخرى على كوكب الأرض، وأجيال المستقبل.

ترجمة: مايسة كامل          Translated by: Maysa Kamel

Copyright Project Syndicate


جيريمي أوبنهايم المدير العالمي لمبادرة ماكينزي آند كومباني الخاصة المعنية بتغير المناخ. وتريسترام ستيوارت مؤلف بريطاني وناشط ضد المخلفات الغذائية، وحائز


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The Water, Energy & Food Security Nexus

Food Security in Bangladesh: A Comprehensive Analysis


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Food for All

Tetra Pak School Milk in Indonesia, courtesy of Tetra Pak/Wikimedia Commons

LONDON – With food prices having doubled in the past decade, food security is back on the international agenda. How can the world produce more to feed the next billion people? How can agricultural yields be raised? What is the best way to develop aquaculture?

Unfortunately, this focus on the supply side misses half the problem. The world already produces more than twice the number of calories that the human population requires. An estimated one-third of global food production is wasted. In poor countries, food is lost due to inadequate storage and gaps in the supply chain (for example, a lack of refrigeration); in rich countries, food is also wasted in the supply chain, and consumers throw a lot of food away.

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Comida para todos

Tetra Pak School Milk in Indonesia, courtesy of Tetra Pak/Wikimedia Commons

LONDRES – Como en el último decenio los precios de los alimentos se han duplicado, la seguridad alimentaría vuelve a figurar en los programas internacionales. ¿Cómo puede el mundo producir más para alimentar a los próximos mil millones de personas? ¿Cómo se puede aumentar la producción agrícola? ¿Cuál es la forma mejor de desarrollar la acuicultura?

Lamentablemente, al centrarse la atención así en el aspecto de la oferta, se pasa por alto la mitad del problema. El mundo produce ya más del doble de las calorías que la población humana necesita. Se calcula que un tercio de la producción mundial de alimentos se desperdicia. En los países pobres, la pérdida de alimentos se debe al almacenamiento inadecuado y a las lagunas en la cadena de suministro (por ejemplo, falta de refrigeración); en los países ricos, también se desperdician alimentos en la cadena de suministro y los consumidores tiran mucha comida a la basura.

Además, en muchos casos lo que provoca el hambre y la deficiencia nutricional es la pobreza y no la falta de alimentos en el mercado. Millones de personas carecen, sencillamente, de medios para comprar los alimentos que necesitan, situación que seguiría existiendo, aunque se aumentara la oferta. Solucionar el problema de la demanda para que los pobres cuenten con alimentos nutritivos –en particular, las madres y los niños más vulnerables– es uno de los imperativos más apremiantes en materia de seguridad alimentaría.

Una gran diversidad de iniciativas puede contribuir a la solución. Por ejemplo, se puede mejorar la seguridad alimentaria en los microniveles mediante programas que entregan comidas gratuitas a grupos de población vulnerables. Los planes que brindan comidas gratuitas a escolares no sólo ayudan a alimentar a los jóvenes, sino que, además, crean un incentivo para que los padres mantengan a sus hijos en las aulas.

Esa clase de iniciativas resultan particularmente logradas cuando se complementan con programas que brindan acceso al agua potable, la energía, las cocinas seguras y demás. Las medidas para reducir la diarrea – a fin de que los niños retengan el valor nutricional de lo que comen– son otra parte de la solución.

Naturalmente, en países y regiones muy pobres, donde la población no pude permitirse el lujo de comprar comida en los mercados mundiales, no se debe desatender el aspecto de la oferta. Impulsar las cosechas de alimentos básicos (en lugar de los cultivos comerciales) aumentaría la autonomía y fortalecería la capacidad de resistencia cuando los precios internacionales de los alimentos fueran caros.

Al mismo tiempo, se debe buscar un equilibrio entre una mayor producción agrícola y los costos sociales y ecológicos correspondientes. Actualmente, en Sudamérica, el Asia sudoriental y el África central se está aumentando la producción principalmente talando bosques tropicales y eliminando pastizales y humedales, lo que contribuye al cambio climático, interrumpe el ciclo hidrológico y causa la degradación de los suelos, todo lo cual socava la capacidad de nuestro planeta para producir alimentos a largo plazo.

Si continúa la tendencia actual, la mayoría de las especies que aún existen en el mundo se habrá extinguido al final de este siglo y la producción de alimentos, por encima de todos los demás factores, es la que está provocando ese declive. Más del 80 por ciento de todas las aves y los mamíferos está amenazado a consecuencia de una utilización insostenible de la tierra resultante de la expansión agrícola.

La enseñanza que de ello se desprende es clara: debemos centrarnos en hacer más eficiente la producción, reducir el desperdicio y abordar el problema del consumo insostenible.

La reducción del desperdicio de alimentos podría ahorrar más de 250.000 millones de dólares a escala mundial, el equivalente de 65.000 millones de hectáreas de utilización agrícola de la tierra, de aquí a 2030. La creación en China de una cadena de suministro con la temperatura controlada y 30.000 toneladas de almacenamiento moderno costaría más de cien millones de dólares anuales durante los 20 próximos años. Muchos países en desarrollo carecen, sencillamente, de los fondos para semejante inversión inicial, pero, centrándose en lo fundamental y con recursos mucho más modestos, podrían mejorar espectacularmente la calidad de los silos de cereales, situados por lo general en zonas de población rural pobre y en los que más del 30 por ciento de los alimentos se estropea hasta el punto de resultar inadecuado para el consumo humano.

Ya hay algunas tendencias positivas que se deben capitalizar a escala planetaria. En los últimos años, los hogares del Reino Unido han reducido su desperdicio de alimentos en un 21 por ciento y la industria alimentaria ha recortado sus niveles de desperdicio en un ocho por ciento. El público está más dispuesto a renunciar a la perfección cosmética: el de las frutas y verduras “feas” es el sector que crece más rápidamente en el mercado de productos frescos del Reino Unido, pues el año pasado se salvaron 300.000 toneladas de ellos, que, de lo contrario, se habrían desperdiciado por no tener la forma o el tamaño correctos.

Existe mucha preocupación por la demanda en aumento de carne y productos lácteos en China y la India, pero el consumo de carne por habitante en los Estados Unidos y Europa sigue siendo más del triple que el de esos dos países.

Además de que se coma menos carne, es necesario que en la producción de ésta se utilicen los recursos más eficientemente. En el pasado, el alimento del ganado vacuno, las ovejas y las cabras eran la hierba y otras fuentes de energía no disponibles para los seres humanos, mientras que el de los cerdos y las gallinas eran los desperdicios, con lo que contribuían en conjunto a la disponibilidad total de alimentos. Ahora se utiliza un tercio de toda la tierra cultivable para cultivos destinados a alimentar el ganado y no para cultivos básicos a  fin de obtener alimentos destinados a las personas. Los ricos compran estos últimos para alimentar a sus animales y los pobres no pueden superar esa puja a fin de comprarlos para alimentar a sus hijos.

Según los cálculos del Programa de las Naciones Unidas para el Medio Ambiente, la utilización de más subproductos y desperdicios como alimento del ganado podría liberar alimentos en el mercado mundial para alimentar a otros 3.000 millones de personas. La campaña Pig Idea pide el fin de la legislación de la Unión Europea y de algunos de los estados de los EE.UU. que prohíbe la utilización de desperdicios de alimentos para alimentar cerdos y gallinas, por el riesgo de enfermedades animales. Mediante sistemas de tratamiento adecuados se pueden abordar esos riesgos (como ocurre en el Japón y en Corea del Sur). Los beneficios sociales, económicos y medioambientales serían enormes.

La Tierra es capaz de alimentar a todo el mundo. No abordar los problemas que afectan la oferta y la demanda es una prueba de mala administración grotesca y un crimen contra los pobres del mundo, las demás especies del planeta y las generaciones futuras.

Traducido del inglés por Carlos Manzano.

Copyright Project Syndicate


Jeremy Oppenheim es director mundial de la Iniciativa Especial sobre el Cambio Climático de MacKinsey & Company. Tristram Suart, escritor británico y participante en campañas contra el desperdicio de alimentos, obtuvo el premio Sophie en 2011.


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De la nourriture pour tout le monde

Tetra Pak School Milk in Indonesia, courtesy of Tetra Pak/Wikimedia Commons

LONDRES – Les prix des aliments ont doublé ces dix dernières années et la sécurité alimentaire est de nouveau au cœur des préoccupations internationales. Comment la planète peut-elle produire davantage pour nourrir un milliard de personnes en plus ? Comment peut-on augmenter les rendements agricoles ? Quelle est la meilleure méthode pour développer l’aquaculture ?

Malheureusement cette concentration sur la question de l’offre néglige l’autre versant du problème. La production mondiale est déjà plus de deux fois supérieure en nombre de calories à ce dont la population humaine a besoin. On estime qu’un tiers de la production alimentaire mondiale est gaspillée. Dans les pays pauvres, la nourriture se perd à cause d’un stockage inadapté et de lacunes dans la chaîne d’approvisionnement (par exemple, le manque de réfrigération). Dans les pays riches la nourriture est aussi gaspillée dans la chaîne d’approvisionnement et les consommateurs jettent beaucoup de nourriture.

En outre dans de nombreux cas, c’est bien la pauvreté, mais pas le manque de nourriture sur le marché qui entraîne la faim et les carences nutritionnelles. Des millions de personnes n’ont tout simplement pas les moyens d’acheter la nourriture dont ils ont besoin, ce qui pourrait toujours être le cas si on augmentait l’offre. Trouver une solution du côté de la demande, pour distribuer des aliments nutritifs aux pauvres, en particulier aux mères et aux enfants les plus vulnérables, est l’un des impératifs de sécurité alimentaire les plus urgents.

Une large gamme d’initiatives peut contribuer à une solution. On peut par exemple augmenter la sécurité alimentaire à petit échelle grâce à des programmes qui proposent des repas gratuits aux groupes vulnérables de la population. Les programmes qui proposent des repas gratuits aux écoliers aident non seulement à nourrir les jeunes, mais créent également une incitation pour les parents à laisser leurs enfants aller à l’école.

De telles initiatives sont particulièrement réussies quand elles sont complétées par des programmes donnant un accès à l’eau potable, à l’énergie, à une bonne cuisson des aliments et ainsi de suite. Des mesures pour réduire la diarrhée, pour que les enfants conservent la valeur nutritive de ce qu’ils mangent, est une autre partie de la solution.

Bien sûr dans les pays et les régions très pauvres, où les gens n’ont pas les moyens d’acheter de la nourriture sur les marchés mondiaux, l’aspect de offre ne doit pas être négligé. Augmenter les rendements des aliments de base cultivés localement (plutôt que les cultures industrielles) permettrait d’augmenter l’autonomie et de renforcer la résilience lorsque les prix des denrées alimentaires internationales sont en hausse.

De même la production agricole plus forte doit équilibrer les coûts écologiques et sociaux associés. La production en Amérique du Sud, en Asie du Sud et en Afrique centrale est actuellement principalement produite par le défrichement des forêts tropicales, des prairies et des zones humides. Cette approche contribue au changement climatique, interrompt les cycles hydrologiques et provoque la dégradation des sols, qui détruisent la capacité de notre planète à produire de la nourriture à long terme.

Si les tendances actuelles se maintiennent, la majorité des autres espèces de la planète auront disparu d’ici la fin du siècle et c’est la production alimentaire, plus que tous les autres facteurs, qui provoque ce déclin. Plus de 80% de tous les oiseaux et mammifères en voie de disparition sont menacés par la surexploitation des terres résultant de l’expansion agricole.

La leçon à en tirer est simple : nous devons nous concentrer sur une production plus efficace, réduire les déchets et résoudre le problème d’une consommation non durable.

Réduire le gaspillage alimentaire pourrait permettre d’économiser plus de 250 milliards de dollars dans le monde, soit 65 millions d’hectares d’utilisation des terres agricoles d’ici 2030. Construire une chaîne d’approvisionnement moderne à température contrôlée avec 30 000 tonnes de stockage en Chine devrait coûter plus de 100 millions de dollars par an pendant les 20 prochaines années. De nombreux pays en développement ne disposent tout simplement pas des capitaux nécessaires à une telle mise de départ. Mais en se concentrant sur les vrais problèmes et avec des ressources beaucoup plus modestes, une amélioration considérable de la qualité des silos à grains serait possible. Ils contiennent plus de 30% de la nourriture, généralement entreposée à proximité de la population rurale pauvre, et cette nourriture se trouve gâtée au point d’être impropre à la consommation humaine.

Il y a déjà quelques tendances positives dans le monde, qui doivent être exploitées. Au cours des dernières années, les ménages du Royaume-Uni ont réduit leurs déchets de nourriture de 21% et l’industrie alimentaire a réduit ses flux de déchets de 8%. L’opinion publique est mieux disposée à renoncer à la perfection esthétique : les fruits et légumes « moches » sont le secteur à plus forte croissance des produits frais sur le marché du Royaume-Uni, qui a permis l’année dernière d’économiser 300 000 tonnes de produits qui auraient été autrement gaspillées à cause d’un défaut de forme ou de taille.

La demande croissante en produits carnés et laitiers en Chine et en Inde représente un très gros enjeu. Mais la consommation de viande par habitant aux Etats-Unis et en Europe est toujours plus de trois fois supérieure à celle des autres pays.

En plus de manger moins de viande, la production de viande doit être plus économe en ressources. Par le passé, les bovins, les moutons et les chèvres étaient nourris avec de l’herbe et avec d’autres sources d’énergie non disponibles pour les humains, tandis que les porcs et les poulets étaient nourris avec les déchets, contribuant ainsi ensemble à la disponibilité alimentaire globale. Aujourd’hui un tiers de toutes les terres arables est utilisé par des cultures qui nourrissent le bétail, ce qui empêche des cultures industrielles pour les humains. Les riches achètent cette nourriture pour nourrir leurs animaux, ce qui empêche les pauvres qui veulent l’acheter de nourrir leurs enfants.

Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) estime que l’utilisation de davantage de sous-produits et de déchets pour nourrir le bétail pourrait produire assez de nourriture sur le marché mondial pour nourrir trois milliards personnes en plus. La campagne Pig Idea appelle à mettre fin à la législation de l’Union européenne et de certains États américains qui interdit l’utilisation des déchets alimentaires pour nourrir les porcs et les poulets en raison du risque de maladies animales. Ces risques peuvent être gérés efficacement par des systèmes de traitement adéquats (comme au Japon et en Corée du Sud). Les avantages environnementaux, économiques et sociaux seraient énormes.

La Terre est capable de nourrir tout le monde. Manquer de résoudre les problèmes qui touchent à l’offre et à la demande équivaut à une mauvaise gestion ridicule et à un crime envers les pauvres du monde, les autres espèces de la planète et envers les générations futures.

Copyright Project Syndicate


Jeremy Oppenheim est directeur mondial du McKinsey & Company’s Climate Change Special Initiative. Tristram Stuart, écrivain britannique militant contre le gaspillage alimentaire, a remporté le prix Sophie 2011.


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