[Les liens renvoient vers des pages en anglais, sauf mention contraire] Le troisième essai nucléaire nord-coréen a fourni l’opportunité idéale aux Etats-Unis et à la Corée du Sud pour répondre avec leur propre démonstration de force militaire. Deux jours après l’essai, la Corée du Sud a présenté un missile de croisière, qui, affirme Séoul, pourrait atteindre sa cible n’importe où dans le Nord. Ce mois-ci, c’était aussi la première fois depuis presque vingt ans qu’un sous-marin nucléaire américain équipé de missiles Tomahawk entrait dans les eaux sud-coréennes.
Ainsi, le cycle sans fin de la provocation nord-coréenne, des manoeuvres militaires conjointes et de la guerre des mots continue. Il est encore difficile de trouver une bonne analyse des prochaines étapes qui devront être empruntées pour sortir de l’impasse dans la péninsule.
Le célèbre blogeur sud-coréen ImPeter, par exemple, a déconseillé [en coréen] les attaques préventives contre les installations nucléaires du Nord, une stratégie que le Ministère de la Défense a récemment appelée la « chaîne de frappe ». Séoul a plutôt besoin de développer un meilleur plan de secours, au lieu de compter simplement sur le parapluie nucléaire fourni par les Etats-Unis. ImPeter affirme aussi que même si les systèmes anti-missiles s’améliorent, il y a toujours une marge d’erreur significative qui pourrait avoir des conséquences fatales :
Il y a simplement trop de facteurs incontrôlables dans une guerre qui ne peuvent être prévus même en prenant en compte attentivement toutes les données que l’on pourrait agréger. Si nos prévisions sont incorrectes, les conséquences pourrait être catastrophiques [..]. Quand la Corée du Nord allait de l’avant avec ses essais nucléaires, tous les médias ont répété que la Corée du Sud pourrait lancer des frappes préventives [sur les armes nucléaires nord-coréennes]. Mais ils n’ont jamais mentionné la possibilité que ces frappes pourraient échouer et avoir des conséquences bien plus sérieuses : peut-être une guerre totale.
En effet, mettent aussi en garde les commentateurs, quelle que soit la pression des USA et de leurs alliés sur Pyongyang, le Nord a assez d’artillerie (en-dehors des armes nucléaires) pour frapper et causer des dommages considérables à Séoul.
Miguki, dans Asia Pundits, examine la possibilité d’une guerre sur la péninsule coréenne :
Maintenant, pour moi, la plus grande question est de savoir pourquoi le monde veut-il que le Nord commence une guerre ? Ma seule explication, c’est que dès qu’ils auront quelques armes nucléaires et qu’ils seront rassurés d’avoir la possibilité de frapper les Etats-Unis avec, ils pourraient y trouver leur ultime sécurité. C’est ce qui m’inquiète vraiment. Que le Nord ne soit plus proche d’être un “acteur rationnel” et qu’une fois qu’ils seront capables d’atteindre les Etats-Unis avec une frappe nucléaire, ils pourraient attaquer le Sud en pensant qu’ils peuvent réellement faire la réunification à leurs conditions.
J’imagine quelque chose de ce genre : la Chine en a finalement assez du Nord, arrête de leur fournir une aide alimentaire puis le Nord devenant fou, se déchaîne de rage. (Un autre scénario que j’ai entendu est que le Nord ferait un barrage d’artillerie sur Séoul, puis s’arrêterait, sentant qu’ils ont atteint leur objectif.)
Sur la base de ces sombres prédictions, la dénucléarisation de la Corée du Nord, un sujet majeur pendant des décennies, semble maintenant une perspective vague et lointaine. En effet, le président sud-coréen Lee Myung-bak aurait abandonné l’espoir de la dénucléarisation, une opinion partagée dans la communauté internationale. Dans un article pour le Royal United Services Institute, Edward Schwarck et Andrea Berger ont fait valoir:
La différence cette fois-ci, cependant, c’est que le programme nucléaire du Nord n’est plus négociable […] Ces dernières années, l’engagement avait une motivation nucléaire. Mais le changement de discours de Pyongyang sur la dénucléarisation suggère que ça pourrait ne plus être une approche possible pour l’Occident et ses alliés. […] Pyongyang a délibérément emprunté la rhétorique de l’Occident pour mettre en évidence un double standard que les pays détenteurs de l’arme nucléaire pourront difficilement contester. La logique mise en avant par le régime nord-coréen est partagée par Washington, Londres et Paris : un pays du club nucléaire cherchant à garantir la sécurité de ses citoyens doit conserver une dissuasion crédible aussi longtemps que d’autres continuent de posséder des armes nucléaires.
James Acton de la Fondation Carnegie pour la paix internationale a proposé une approche plus subtile afin de déplacer la priorité de la dénucléarisation vers la non-prolifération.
Alors que périodiquement corrompre Pyongyang pour suspendre les essais nucléaires et militaires pouvait ralentir le programme, le régime nord-coréen semble avoir conclu que les armes nucléaires sont tout simplement trop importantes pour sa propre survie pour y renoncer […]
Les États-Unis ne devraient pas abandonner officiellement la politique de dénucléarisation ou publiquement «accepter» la Corée du Nord en tant que légitime possesseur de l’arme nucléaire. Toutefois, il faut concentrer ses efforts sur d’autres objectifs réalisables : la dissuasion et la non-prolifération. Les plans des Etats-Unis et de leurs aliés pour dissuader la Corée du Nord sont relativement avancés.
En revanche, alors que le défi de la prolifération découlant de la Corée du Nord n’a pas été complètement ignoré, il n’a attiré ni l’attention ni l‘énergie qu’il mérite.
Acton conseille aux Etats-Unis de consulter les pays concernés, en particulier la Chine, pour ralentir le rythme du développement nucléaire nord-coréen et d’avoir plus de dialogue.
Le programme nucléaire controversé nord-coréen fera des vagues dans les milieux politiques, militaires et diplomatiques dans un avenir déjà prévisible. Mais le temps est compté pour la Corée du Sud et les Etats-Unis afin de faire face à la Corée du Nord avec les bonnes cartes en main.
For additional reading on this topic please see:
South Korea Seeks to Balance Relations with China and the United States
Mistrust in the US-Japan-ROK Triangle
Where the Center Holds: The 2012 Election in Korea and US-ROK Relations
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