Après Ahmadinejad

Mahmoud Ahmadinejad
Mahmoud Ahmadinejad. Photo: Parmida Rahimi.

WASHINGTON, DC – Le successeur désigné du Président iranien Mahmoud Ahmadinejad, Esfandiar Rahim Mashai, ne sera pas candidat aux élections du 14 juin. Pas plus que l’ancien Président Akbar Hachemi Rafsandjani. La disqualification des deux envoie un message fort de la part du Chef suprême, l’Ayatollah Ali Hosseini Khamenei. En d’autres termes, Khamenei ne tolérera aucune diminution de ses pouvoirs et il est déterminé à éviter le type de frictions qui ont marqué ses relations avec les précédents présidents, en particulier avec Ahmadinejad.

La disqualification de Mashai et de Rafsandjani révèle une fois de plus le schisme au cœur de la structure politique de l’Iran, caractérisé par le double pouvoir exécutif du Chef suprême et du Président. Quand Khamenei a publiquement soutenu la réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad en 2009, personne n’aurait pu prédire les tensions sans précédent qui allaient émerger par la suite entre les deux principales autorités du pays.

Mais le soutien en faveur d’Ahmadinejad s’est avéré une décision coûteuse pour Khamenei, tout comme pour la République islamique. Au lieu de s’aligner comme prévu sur Khamenei, Ahmadinejad a commencé à promouvoir un programme nationaliste, anti-clérical, en utilisant efficacement les ressources de Khamenei pour contester l’autorité du Chef suprême afin d’établir son propre réseau économique et sa sphère d’influence.

Au cours des quatre dernières années, Ahmadinejad a tenté à plusieurs reprises de saper la volonté des hauts dignitaires au pouvoir sur les décisions politiques et stratégiques. En 2011, il a tenté de rejeter Heider Moslehi, un allié de Khamenei, de son poste de Chef des Services Secrets, mais sa décision a été rapidement annulée. Il a également réduit les ressources destinées à certaines institutions religieuses, a aidé ceux de son cercle à fonder des banques privées en assouplissant les réglementations et a contesté la plus puissante institution économique et militaire de l’Iran, le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (GRI).

Mais alors que la tension entre Khamenei et Ahmadinejad s’est accentuée, le soutien en faveur du Président a considérablement diminué, au moment où les médias d’Etat ont désigné les partisans de M. Ahmadinejad comme un « cercle de déviants ». En outre, contrairement au premier mandat d’Ahmadinejad, les médias indépendants critiquent  maintenant publiquement son ordre du jour économique et politique.

Avec la fin proche du second et dernier mandat d’Ahmadinejad, il semble peu probable que le Président impopulaire et disgrâcié abandonne ses efforts de déstabilisation de l’establishment au pouvoir en Iran. En fait s’il a longtemps promu Mashai comme son successeur, Khamenei a réduit à néant ses efforts illégaux et a maintenant mis un terme définitif à la candidature de Mashai.

Mashai fait partie des figures les plus controversées de l’Iran, largement vilipendé parmi les chefs conservateurs pour ses vues réformistes et anti-cléricales. En 2009, après que Khamenei a rejeté la décision d’Ahmadinejad de nommer Mashai comme son Premier suppléant, M. Ahmadinejad l’a effrontément nommé Chef d’Etat-major, un coup politique qui a rendu déclenché la fureur de Khamenei.

Ahmadinejad n’est pas le premier haut fonctionnaire en Iran à contester le Chef suprême. Le Grand Ayatollah Hossein Ali Montazeri, un des plus hauts dignitaires religieux de l’Iran, aurait été Chef suprême lui-même sans sa brouille avec le Grand Ayatollah Rouhollah Khomeini, le fondateur de la République islamique, quelques mois avant la mort de Khomeini.

Montazeri, une des figures les plus influentes de l’Iran pendant la première décennie de la République, a produit une justification complète de l’autorité absolue du Chef suprême, considérée comme hérétique par de nombreux ayatollahs. Mais il n’a pas tardé à contester la direction extrémiste de la République islamique et a continué à le faire jusqu’à sa mort en 2009.

Montazeri, dont le titre de Grand Ayatollah (le plus ancien des théologiens musulmans chiites) lui conférait une plus grande autorité religieuse que Khamenei, a contesté les qualifications de Khamenei à émettre des fatwas (décisions religieuses islamiques) ou à réussir à imposer Khomeini comme Chef suprême. Montazeri a été placé en résidence surveillée pendant six ans. Des manifestations de soutien en sa faveur ont été annulées et plusieurs de ses disciples et de ses proches ont été emprisonnés, torturés, tués ou contraints de fuir le pays.

De même, Abolhassan Bani Sadr, le premier Président de la République islamique, s’est brouillé avec Khomeini sur la question de la répartition des pouvoirs. Il a été destitué en 1981, après seulement un an au pouvoir et s’est enfuit en France, où il réside toujours. De violents affrontements entre partisans et adversaires de Bani Sadr ont fait des morts des deux côtés.

À bien des égards, l’histoire d’Ahmadinejad ressemble à celle de Bani Sadr. Tous deux étaient relativement inconnus avant leur présidence. Tous deux avaient besoin de l’aval du Chef suprême pour accéder au pouvoir. Tous deux ont perdu peu à peu leur soutien alors qu’ils tentaient de réduire l’influence de la hiérarchie cléricale et du GRI. Plus important encore, tous deux ont échoué à créer un organisme externe sur lequel ils pourraient compter en cas d’échec de leur protection officielle.

Le fait qu’Ahmadinejad ait été autorisé à exercer l’intégralité de son second mandat (une issue dont les médias ont souvent douté) témoigne de l’importance que Khamenei attache au maintien de l’image de stabilité de l’Iran. Mais pour mener à bien cet objectif, Khamenei devra rendre compte de l’imprévisibilité d’Ahmadinejad.

Comme il n’a plus rien à perdre, Ahmadinejad pourrait décider de déstabiliser la République islamique, s’il juge cela nécessaire à sa survie. En effet, maintenant que le Conseil des Gardiens de la Constitution a disqualifié Mashai dans la course à la présidence, le ressentiment d’Ahmadinejad va probablement se manifester avant et après les élections, par exemple en divulgant des informations sur une corruption au plus haut niveau. Il peut également s’opposer directement à Khamenei, en se présentant comme une figure patriotique et anti-cléricale. Mais une telle approche serait dangereuse : elle pourrait coûter la vie à Ahmadinejad.

Après les élections, les différends entre factions, qui ont longtemps paralysé les décisions politiques en Iran, vont probablement persister. Mais l’impasse sur la politique nucléaire de l’Iran pourrait avoir de graves conséquences. En effet, l’absence d’un gouvernement fort et unifié, capable de formuler un consensus, pourrait rendre impossible un changement de cap même pour Khamenei, ne laissant d’autre choix à l’Iran que de persister dans son bras de fer diplomatique avec l’Occident.

Traduit de l’anglais par Stéphan Garnier.

Copyright Project Syndicate

Mehdi Khalaji est chercheur à l’Institut de Washington sur la politique du Proche-Orient.

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Las anteojeras de Estados Unidos

Kishore Mahbubani during the session 'The Future of American Power in the 21st Century' at the Annual Meeting 2012
Kishore Mahbubani during the session ‘The Future of American Power in the 21st Century’ at the Annual Meeting 2012. Photo: World Economic Forum/flickr.

SINGAPUR – Llegó la hora de pensar lo impensable: la era de la supremacía estadounidense en asuntos internacionales tal vez esté llegando a su fin. La gran pregunta que debemos hacernos conforme ese momento se avecina es: ¿está Estados Unidos bien preparado para lo que vendrá?

El ascenso de Asia en las últimas décadas no es simplemente una historia de crecimiento económico, sino del renacer de una región, un tiempo en que las mentes de su gente vuelven a abrirse y sus perspectivas se renuevan. El continente avanza hacia la recuperación del papel central que ya tuvo en la economía mundial, con tanto ímpetu que es prácticamente imposible detener su marcha. Es cierto que la transformación a veces no estará exenta de altibajos, pero hay algo que ya es seguro: el siglo que viene será un siglo asiático y cambiará radicalmente el funcionamiento del mundo.

Los líderes mundiales (tanto políticos como intelectuales) tienen la responsabilidad de preparar a sus respectivas sociedades para los cambios globales que se avecinan. Pero en Estados Unidos, muchos de ellos están rehuyendo esa responsabilidad.

El año pasado, en el Foro Económico Mundial de Davos, dos miembros del Senado de los Estados Unidos, un miembro de la Cámara de Representantes y un consejero adjunto para la seguridad nacional participaron en un panel sobre el futuro del poder estadounidense (del que actué como moderador). Cuando se les preguntó cómo veían el futuro del poder estadounidense, respondieron, previsiblemente, que Estados Unidos seguirá siendo el país más poderoso del planeta. Y se mostraron reticentes ante la pregunta de si Estados Unidos está preparado para convertirse en la segunda economía del mundo.

La reacción de los panelistas es comprensible: para un político estadounidense, el solo hecho de admitir la posibilidad de que Estados Unidos se convierta en el “número dos” equivaldría al suicidio político. Al fin y al cabo, en todo el mundo los funcionarios electos deben amoldarse, en mayor o menor grado, a satisfacer las expectativas de quienes los eligen para el cargo.

Pero no así los intelectuales. Estos están especialmente obligados a pensar lo impensable y decir lo indecible. Uno espera de ellos que consideren todas las posibilidades, incluso las desagradables, y que preparen a la población para los cambios futuros. La discusión franca de ideas impopulares es una característica central de las sociedades abiertas.

Sin embargo, en Estados Unidos hay muchos intelectuales que no están cumpliendo esta misión. Hace poco, Richard Haass, presidente del Consejo de Relaciones Exteriores, sugirió que es posible que Estados Unidos “esté viviendo la segunda década de otro siglo estadounidense”. Por su parte, Clyde Prestowitz, presidente del Instituto de Estrategia Económica, declaró que “también este siglo puede terminar siendo un siglo estadounidense”.

Es verdad que tal vez no se equivoquen; y si estas predicciones resultaran acertadas, el resto del mundo saldría beneficiado. Una economía estadounidense fuerte y dinámica, renovada gracias a la explotación del económico gas shale y la innovación acelerada, podría rejuvenecer a la economía mundial en su conjunto. Pero para esta posibilidad no hacen falta preparativos, los estadounidenses ya están más que preparados.

Para lo que no están preparados los estadounidenses es para un traslado del centro de gravedad del mundo a Asia. Muchos de ellos siguen en una ignorancia pasmosa respecto de los avances logrados en otras partes del mundo, especialmente en el continente asiático.

Hay que decirles a los estadounidenses una verdad matemática muy sencilla. Con el 3% de la población mundial, Estados Unidos no podrá seguir dominando al resto del mundo, porque Asia cuenta con el 60% de la población mundial y ya no está rezagada como antes. Pero la visión que muchos estadounidenses tienen del mundo todavía está influida por la creencia en que Estados Unidos es la reserva moral del mundo, un único faro que alumbra un mundo oscuro e inestable. Los intelectuales estadounidenses no están cuestionando estas ideas y no están ayudando a la población estadounidense a desembarazarse de esta autocomplacencia basada en la ignorancia, con lo que perpetúan una cultura de halagar a la opinión pública.

Pero aunque haya una tendencia a darles a los estadounidenses solo las buenas noticias, la verdad es que la noticia del ascenso de Asia no es mala. Estados Unidos debe entender que los países asiáticos no pretenden dominar a Occidente, sino imitarlo. Están procurando formar clases medias fuertes y dinámicas y alcanzar la paz, la estabilidad y la prosperidad de las que Occidente goza hace mucho tiempo.

Esta profunda transformación social e intelectual que está en marcha en Asia promete catapultarla del poderío económico al liderazgo mundial. Aunque en muchos aspectos China sigue siendo una sociedad cerrada, tiene una mentalidad abierta; en cambio, Estados Unidos es una sociedad abierta con mentalidad cerrada. La clase media asiática hoy está formada por cerca de 500 millones de personas, pero en 2020 esa cifra ascenderá a 1750 millones; de modo que Estados Unidos ya no podrá seguir evitando las nuevas realidades de la economía mundial por mucho tiempo.

El mundo se encamina a uno de los relevos de poder más dramáticos de la historia de la humanidad. Para que esta transformación no tome a los estadounidenses por sorpresa, deben desprenderse de ideas enraizadas y preconceptos y permitirse pensar lo impensable. Ese es el desafío al que hoy se enfrentan los intelectuales públicos estadounidenses.

Traducción: Esteban Flamini

Copyright Project Syndicate


Kishore Mahbubani es decano de la Escuela Lee Kuan Yew de Políticas Públicas de la Universidad Nacional de Singapur y autor de The Great Convergence: Asia, the West, and the Logic of One World [La gran convergencia: Asia, Occidente y la lógica de un mundo único].

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أميركا والرؤية المحدودة

Kishore Mahbubani during the session 'The Future of American Power in the 21st Century' at the Annual Meeting 2012
Kishore Mahbubani during the session ‘The Future of American Power in the 21st Century’ at the Annual Meeting 2012. Photo: World Economic Forum/flickr.

 سنغافورة ــ لقد حان الوقت للتفكير في ما لا يمكن تصوره: فربما أشرف الآن عصر الهيمنة الأميركية في الشؤون الدولية على نهايته. ومع اقتراب تلك اللحظة فإن السؤال الرئيسي يصبح إلى أي مدى استعدت الولايات المتحدة لها.

إن صعود آسيا على مدى العقد القليلة الماضية لم يكن مجرد قصة نمو اقتصادي سريع، فهي قصة منطقة تشهد نهضة أعادت فتح عقول الناس وتنشيط نظرتهم للمستقبل. إن تحرك آسيا نحو استئناف دورها المركزي السابق في الاقتصاد العالمي يتمتع بقدر من الزخم يجعل وقفه شبه مستحيل. ورغم أن التحول قد لا يكون سلساً دائما، فلم يعد هناك أي مجال للشك في أن القرن الآسيوي قادم، وأن كيمياء العالم سوف تتغير بشكل جوهري.

إن زعماء العالم ــ سواء كانوا من صناع القرار السياسي أو المفكرين ــ يتحملون مسؤولية إعداد مجتمعاتهم للتحولات العالمية الوشيكة. ولكن العديد من زعماء أميركا يتنصلون من هذه المسؤولية.

في العام الماضي، في المنتدى الاقتصادي الذي تستضيفه دافوس، شارك عضوان في مجلس الشيوخ الأميركي، وعضو في مجلس النواب، ونائب مستشار الأمن القومي في منتدى حول مستقبل القوة الأميركية(والذي توليت رئاسته). وعندما سئلوا عن المستقبل الذي يتوقعونه للقوة الأميركية، أعلنوا كما كان متوقعاً أن الولايات المتحدة سوف تظل أقوى دولة في العالم. وعندما سئلوا عما إذا كانت أميركا مستعدة لكي تصبح الدولة صاحبة ثاني أضخم اقتصاد على مستوى العالم، التزموا الصمت.

كان رد فعلهم مفهوما: فحتى مجرد التفكير في احتمال نزول الولايات المتحدة إلى “المرتبة الثانية” يكاد عادل الانتحار المهني بالنسبة لأي سياسي أميركي. والواقع أن المسؤولين المنتخبين في كل مكان يتعين عليهم أن يتكيفوا، بدرجات متفاوتة، من أجل تلبية توقعات الناخبين الذين وضعوهم في مناصبهم.

ومن ناحية أخرى، فإن المثقفين لديهم التزام خاص يتلخص في التفكير في ما لا يمكن تصوره والتحدث في ما لا يجوز التطرق إليه. ويفترض فيهم أن ينظروا في كافة الاحتمالات، حتى البغيضة منها، وأن يعدوا الناس للتطورات المحتملة. إن المناقشة الصريحة للأفكار التي لا تتمتع بشعبية كبيرة تشكل سمة أساسية من سمات المجتمع المفتوح.

ولكن في الولايات المتحدة، لا يفي العديد من المفكرين والمثقفين بهذا الالتزام. فمؤخراً اقترح رئيس مجلس العلاقات الخارجية ريتشارد هاس أن الولايات المتحدة “ربما تعيش بالفعل العقد الثاني من قرن أميركي آخر”. وعلى نحو مماثل، قال كلايد بريستويتز، رئيس معهد الاستراتيجية الاقتصادية إن “هذا القرن قد يكون في نهاية المطاف قرناً أميركيا آخر”.

لا شك أن مثل هذه التكهنات قد تثبت أنها كانت دقيقة؛ وإذا حدث ذلك، فإن بقية العالم سوف تستفيد منه. ذلك أن الاقتصاد الأميركي القوي والديناميكي، الذي ينشطه الغاز الصخري الرخيص والإبداع المتسارع، من شأنه أن يجدد شباب الاقتصاد العالمي ككل. ولكن الأميركيين أكثر من مستعدين لمثل هذه النتيجة؛ ولا حاجة إلى إعدادهم لها.

أما إذا تحول مركز جاذبية العالم نحو آسيا، فإن الأميركيين سوف يكونون غير مستعدين عل الإطلاق. فالعديد من الأميركيين لا زالوا غير مدركين بدرجة صادمة للتقدم الذي حققته بقية دول العالم، وخاصة آسيا.

ولابد لأحد أن يخبر الأميركيين بحقيقة رياضية بسيطة. فالولايات المتحدة التي أصبحت تشكل 3% من سكان العالم لم يعد بوسعها أن تهيمن على بقية العالم، لأن آسيا التي تشكل 60% من سكان العالم لم تعد ضعيفة الأداء. ولكن الاعتقاد بأن أميركا هي الدولة الفاضلة الوحيدة، والمنارة المنفردة التي ترسل أنوارها عبر عالم مظلم وغير مستقل، لا يزال يشكل نظرة العديد من الأميركيين للعالم. والواقع أن فشل المثقفين الأميركيين في الطعن في مثل هذه الأفكار ــ ومساعدة سكان الولايات المتحدة في التخلص من مواقف تتسم بالرضا عن الذات المبني على الجهل ــ يديم ثقافة تدليل عامة الناس.

ولكن في حين يميل الأميركيون إلى تلقى الأنباء السارة فقط، فإن صعود آسيا ليس بالنبأ السيئ. وينبغي للولايات المتحدة أن تدرك أن الدول الآسيوية لا تسعى إلى الهيمنة على الغرب، بل إنها تحاول محاكاته. فهي تسعى إلى بناء طبقة متوسطة قوية وديناميكية من أجل تحقيق ذلك النوع من السلام والاستقرار والرخاء الذي تمتع به الغرب طويلا.

إن هذا التحول الاجتماعي والفكري العميق الجاري في آسيا يَعِد بقذفها من القوة الاقتصادية إلى الزعامة العالمية. والصين، التي تظل مجتمعاً مغلقاً في نواح كثيرة، تتمتع بعقل مفتوح، في حين أن الولايات المتحدة مجتمع مفتوح ولكن بعقل مغلق. وفي ظل  التوقعات بأن يرتفع عدد المنتمين إلى الطبقة المتوسطة في آسيا إلى عنان السماء ليقفز من 500 مليون نسمة اليوم إلى 1,75 مليون نسمة بحلول عام 2020، فإن الولايات المتحدة لن تتمكن من تجنب الواقع الاقتصادي العالمي الجديد لفترة أطول كثيرا.

لقد أصبح العالم جاهزاً للخضوع لواحد من أكثر تحولات القوة دراماتيكية في تاريخ البشرية. ولكي يكونوا مستعدين لهذا التحول فيتعين على الأميركيين أن يهجروا الأفكار الراسخة والافتراضات القديمة، وأن يحرروا الأفكار التي لم تكن متصورة. وهذا هو التحدي الذي يواجه المثقفين في الرأي العام الأميركي اليوم.

ترجمة: أمين علي          Translated by: Amin Ali

Copyright Project Syndicate

كيشور محبوباني عميد كلية لي كوان يو للسياسة العامة في جامعة سنغافورة الوطنية، ومؤلف كتاب “التقارب الأعظم: آسيا، والغرب، ومنطق العالم الواحدة”.

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America’s Blinders

Kishore Mahbubani during the session 'The Future of American Power in the 21st Century' at the Annual Meeting 2012
Kishore Mahbubani during the session ‘The Future of American Power in the 21st Century’ at the Annual Meeting 2012. Photo: World Economic Forum/flickr.

SINGAPORE – The time has come to think the unthinkable: the era of American dominance in international affairs may well be coming to an end. As that moment approaches, the main question will be how well the United States is prepared for it.

Asia’s rise over the last few decades is more than a story of rapid economic growth. It is the story of a region undergoing a renaissance in which people’s minds are re-opened and their outlook refreshed. Asia’s movement toward resuming its former central role in the global economy has so much momentum that it is virtually unstoppable. While the transformation may not always be seamless, there is no longer room to doubt that an Asian century is on the horizon, and that the world’s chemistry will change fundamentally.

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Les œillères de l’Amérique

Kishore Mahbubani during the session 'The Future of American Power in the 21st Century' at the Annual Meeting 2012
Kishore Mahbubani during the session ‘The Future of American Power in the 21st Century’ at the Annual Meeting 2012. Photo: World Economic Forum/flickr.

SINGAPOUR – L’heure est venue d’admettre une réalité jusqu’à présent impensable : le temps de la domination américaine sur les affaires internationales touche aujourd’hui à sa fin. Face à l’approche de ce dénouement inéluctable, la principale question est de savoir si les États-Unis y sont préparés.

L’avènement du continent asiatique ces dernières années est bien plus qu’une histoire de croissance économique fulgurante. C’est véritablement l’histoire d’une région en pleine renaissance, caractérisée par la réouverture des mentalités des populations qui l’habitent, ainsi que par le renouveau de leurs perspectives. L’orientation de l’Asie vers un retour à son rôle central d’autrefois dans l’économie mondiale connaît une telle dynamique qu’il semble quasiment impossible de la stopper. Et si la transformation du continent n’est pas toujours homogène, il ne fait plus aucun doute quant au fait qu’un siècle asiatique se dessine à l’horizon, voué à modifier l’équilibre mondial de manière fondamentale.

Il appartient aux grands leaders mondiaux – qu’il s’agisse des décideurs politiques ou des intellectuels – d’accepter la responsabilité consistant à préparer leur société à un certain nombre de changements imminents à l’échelle mondiale. Malheureusement, beaucoup trop de responsables américains se dérobent à cette responsabilité.

L’an dernier, lors du Forum économique mondial de Davos, deux sénateurs américains, un membre de la Chambre des représentants des États-Unis, ainsi qu’un conseiller adjoint à la sécurité nationale ont participé à un forum sur l’avenir de la puissance américaine (dont j’étais le président). Interrogés sur le futur qu’ils entrevoyaient pour l’Amérique, ils affirmèrent bien évidemment que les États-Unis étaient et resteraient le pays le plus puissant de la planète. Interrogés en revanche sur la question de savoir si l’Amérique était prête à passer au rang de deuxième plus importante économie mondiale, leurs réponses furent plus hésitantes.

Une réaction tout à fait compréhensible : la simple évocation d’une Amérique qui deviendrait un simple « numéro deux » eut équivalu à un suicide de carrière pour ces politiciens américains. Les élus du monde entier ne sont-ils pas en effet contraints d’ajuster leur discours, à des degrés divers, afin de coller au plus près des attentes de ceux qui leur permettent d’accéder au pouvoir.

Les intellectuels, en revanche, ont l’obligation toute particulière d’admettre l’impensable, et d’évoquer l’indicible. Ils sont en effet censés envisager toutes les possibilités, même les plus désagréables, et préparer la population aux événements à venir. Le débat sincère autour de problématiques impopulaires constitue une composante clé de toute société ouverte.

Or, aux États-Unis, beaucoup d’intellectuels ne satisfont pas à cette obligation. Richard Haass, président du Conseil des relations étrangères, a récemment suggéré que les États-Unis « étaient sans doute d’ores et déjà entrés dans la deuxième décennie d’un nouveau siècle américain. » De même, Clyde Prestowitz, président de l’Economic Strategy Institute, a déclaré que « notre siècle pou[rrait] bien déboucher sur un autre siècle américain. »

De telles prévisions appartiennent certes au domaine du possible ; et si elles se vérifient, le reste du monde en bénéficiera indiscutablement. Une économie américaine solide et dynamique, revigorée par un gaz de schiste bon marché et une accélération de l’innovation, permettrait de redynamiser l’économie mondiale dans son ensemble. Les Américains sont plus que prêts pour une telle évolution ; nul besoin de les y préparer.

En revanche, si le centre de gravité mondial venait à se déplacer vers le continent asiatique, les Américains pourraient bien s’en trouver pris de court. De nombreux Américains restent en effet incroyablement inconscients des évolutions connues par le reste du monde, et notamment par l’Asie.

Les Américains ont besoin d’entendre cette vérité mathématique toute simple. Forts de seulement 3% de la population mondiale, les États-Unis ne sont plus à même de dominer le reste de la planète dans la mesure où les Asiatiques, qui représentent 60% de la population du globe, en ont fini avec la sous-performance. La croyance selon laquelle l’Amérique constituerait le seul pays vertueux, l’unique rayon de lumière dans un monde obscure et instable, continue pourtant d’imprégner le point de vue de nombreux Américains sur la situation mondiale. L’échec des intellectuels américains à remettre en cause ces conceptions – ainsi qu’à aider la population américaine à s’affranchir de comportements complaisants basés sur l’ignorance – ne fait que perpétuer une société qui dorlote ses citoyens.

Mais si les Américains ont tendance à n’être réceptifs qu’à l’égard des bonnes nouvelles, l’ascension du continent asiatique ne constitue pas vraiment une mauvaise nouvelle. Les États-Unis devraient admettre que les États asiatiques ne cherchent nullement à dominer l’Occident, mais plutôt à s’en inspirer. Leur intention consiste à faire émerger des classes moyennes solides et dynamiques, ainsi qu’à aboutir à ce genre de paix, de stabilité et de prospérité dont jouit l’Occident depuis bien longtemps.

La profonde transformation sociale et intellectuelle qui se joue aujourd’hui en Asie promet de catapulter le continent du statut de puissance économique à celui de leader mondial. La Chine, qui reste une société fermée à bien des égards, présente pour autant une ouverture d’esprit certaine, tandis que cette société ouverte que constituent les États-Unis fait preuve d’une étroitesse de mentalité. La classe moyenne asiatique étant vouée à exploser en nombre, en passant de 500 millions d’individus à 1,75 milliards d’ici 2020, les États-Unis ne sauraient être en mesure d’ignorer encore longtemps ces nouvelles réalités qui caractérisent l’économie de la planète.

Le monde est en passe de connaître l’un des rééquilibrages de puissance les plus considérables de tout histoire humaine. S’ils entendent se préparer à une telle transformation, il convient pour les Américains de se débarrasser de conceptions bien ancrées et autres hypothèses appartenant désormais au passé, et de reconnaître l’existence d’évolutions qui leur paraissaient jusqu’à lors impensables. C’est là tout le défi auquel sont confrontés les intellectuels publics américains d’aujourd’hui.

Traduit de l’anglais par Martin Morel

Copyright Project Syndicate

Kishore Mahbubani est Doyen de la Lee Kuan Yew School of Public Policy de l’Université nationale de Singapour, et auteur de l’ouvrage intitulé The Great Convergence: Asia, the West, and the Logic of One World.

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