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Le dilemme Énergétique de l’Argentine

The Repsol-YPF Tower in Argentina
The Repsol-YPF Tower in Argentina. Image by Wikimedia Commons.

BUENOS AIRES – La nationalisation de presque toutes les participations de la société espagnole Repsol dans le producteur argentin YPF, annoncé dans un discours enflammé de la Présidente Cristina Fernández de Kirchner, a soulevé une vague de questions d’ordre juridique partout dans le monde. En fait, cette décision ne suffira pas à résoudre les problèmes énergétiques du pays sans l’apport d’énormes investissements dans le secteur.

Repsol a pris le contrôle total de YPF en 1999 ; en février 2008, elle transférait une partie de ces participations au Groupe Peterson, qui détient aujourd’hui 25% des parts. Repsol contrôle actuellement 57% des parts, et le reste est détenu par des investisseurs boursiers. Le gouvernement argentin a l’intention de reprendre le contrôle de 51% des parts, ne laissant à Repsol que 6% de participation.

Dans la cession de parts de 2008, les deux actionnaires majoritaires avaient convenu de redistribuer au moins 90% des bénéfices futurs en liquidités. Cette décision devait permettre au Groupe Peterson de rembourser sa dette auprès des banques, ainsi qu’à Repsol, une dette contractée lors de l’acquisition de ses parts qui n’avait pas fait l’objet d’un versement initial.

C’est un dividende extraordinairement élevé dans le secteur de l’industrie pétrolière. Dans la décennie écoulée, les réserves de YPF ont diminué de manière significative, tout comme celles de la plupart des compagnies opérant en Argentine, du fait d’une forte diminution des investissements de prospection.

Par ailleurs, la part du gaz naturel dans la consommation énergétique argentine est de 51%, alors que celle du pétrole est de 37% et d’à peine 17% pour le charbon, les énergies renouvelables, et les énergies hydroélectrique et nucléaire. A l’échelle mondiale, le gaz représente un peu moins d’un quart du total de la consommation énergétique – soit 27% aux Etats-Unis, et à peine 9% chez le voisin brésilien. Mais l’Argentine possède la flotte la plus importante de véhicules fonctionnant au gaz naturel comprimé ; les foyers sont principalement alimentés au gaz qu’ils utilisent intensément ; la majeure partie de l’électricité est générée à partir du gaz ; et l’industrie pétrochimique est basée sur le gaz.

Bien sûr, dans quelques autres pays (Qatar, Algérie, les Emirats Arabes Unis, l’Iran et la Russie), le gaz représente aussi plus de la moitié – et même plus de 60% – de la consommation énergétique. Mais il y d’énormes différences : tous ces pays détiennent 70 à 100 années de réserves. L’Argentine, par contre, est un pays qui dépend fortement du gaz, mais dont les réserves baissent – l’équivalent de moins de huit années de production.

Compenser cette baisse des réserves – plus de la moitié des réserves de gaz et un cinquième des réserves pétrolières ont été consommées – par des importations, impliquerait un coût annuel de plus de 300 milliards de dollars. En effet, après deux décennies de ressources abondantes et bon marché et d’exportation des surplus, le pays entre dans une ère nouvelle d’énergie chère, rare et importée, dans la mesure où la production de pétrole a chuté d’un tiers depuis 1998, et la production de gaz, de 15% depuis 2004.

Le plus gros défi de l’Argentine aujourd’hui est de tenter de regagner son autonomie énergétique par des investissements significatifs dans la prospection souterraine ainsi que maritime dans l’océan Atlantique. Dans le même temps, le pays doit modifier son modèle de consommation en développant plus d’hydroélectrique, de nucléaire et d’éolien. Il y a un grand potentiel pour le développement de ressources non conventionnelles, mais elles sont très coûteuses, et nécessitent des investissements de près de 3% du PIB par an sur les cinq prochaines années.

Il est fort probable qu’à court terme, la hausse des importations de gaz naturel liquide coûteux et d’autres carburants continuera d’exercer des pressions en faveur du changement. L’année dernière, le déficit énergétique extérieur a été largement supérieur à 3 milliards de dollars, et il devrait doubler cette année.

La question importante est de savoir si la décision du gouvernement argentin de nationaliser 51% des parts de YPF est la meilleure manière de retrouver cette autonomie dans la production du pétrole et du gaz, et d’attirer les capitaux nécessaires à la prospection et au développement de ressources conventionnelles. L’Argentine possède aussi un potentiel particulièrement fort de production de gaz non conventionnel – elle est au troisième rang mondial, après la Chine et les Etats-Unis. Mais, tout comme pour les ressources énergétiques conventionnelles, ces réserves ne se feront pas d’elles mêmes.

Traduit de l’anglais par Frédérique Destribats

Copyright Project Syndicate


Alieto Guadagni was Argentina’s Energy Secretary in 2002, and subsequently was its representative at the World Bank.

For further information on the topic, please view the following publications from our partners:
Gas and Geopolitics: The Foreign Policy Implications of Energy Import Dependencyfrom the Center for International Security and Cooperation.
Spain’s Multinationals: The Dynamic Part of an Ailing Economyfrom the Elcano Royal Institute of International and Strategic Studies.
Las elecciones presidenciales argentinas ya son pasado: mirando a 2015, from th Elcano Royal Institute of International and Strategic Studies.

For more information on issues and events that shape our world please visit the ISN’s Security Watch and Editorial Plan.

Argentina’s Energy Dilemma

The Repsol-YPF Tower in Argentina
The Repsol-YPF Tower in Argentina. Image by Wikimedia Commons.

BUENOS AIRES – The expropriation of nearly all of the Spanish company Repsol’s stake in Argentina’s energy producer YPF, announced in a vehement speech by President Cristina Fernández de Kirchner, has raised legal alarms worldwide. In fact, the move will not resolve the country’s energy problems in the absence of enormous inflows of investment to the sector.

Repsol acquired complete control of YPF in 1999; in February 2008, it transferred part of its shares to the Petersen Group, which today holds 25%. Repsol currently holds 57%, with the rest owned by stock-market investors. The Argentine government intends to expropriate 51%, leaving Repsol with a 6% stake.

In the 2008 sale of shares, the two majority stockholders agreed to distribute at least 90% of future profits in cash. That decision was intended to allow the Petersen Group to service the debts to banks, and to Repsol itself, that it incurred with its share purchase, for which it made no initial payment.

El Dilema Energético de la Argentina

The Repsol-YPF Tower in Argentina
The Repsol-YPF Tower in Argentina. Image by Wikimedia Commons.

BUENOS AIRES – L expropiación de casi todas las acciones de la compañía española Repsol en la productora de energía YPF de la Argentina, anunciada en un vehemente discurso por la Presidenta Cristina Fernández de Kirchner, ha disparado las alarmas legales en todo el mundo, En realidad, esa iniciativa no resolverá los problemas energéticos del país, a falta de enormes entradas de inversión en el sector.

Repsol adquirió el control completo de YPF en 1999; en febrero de 2008, transfirió parte de sus acciones al Grupo Petersen, que actualmente cuenta con el 25 por ciento. Actualmente Repsol cuenta con el 57 por ciento y el resto es propiedad de inversores en el mercado de valores. El Gobierno de la Argentina se propone expropiar el 51 por ciento y dejar a Repsol con una participación del seis por ciento.

En la venta de acciones de 2008, los dos accionistas mayoritarios acordaron distribuir al menos el 90 por ciento de los beneficios futuros en efectivo. Esa decisión iba destinada a permitir al Grupo Petersen pagar las deudas a los bancos y al propìo Repsol, contraídas con la compra de acciones, que no pagó inicialmente.

Se trata de un dividendo extraordinariamente elevado en el mundo de la industria petrolera. En el pasado decenio, las reservas de YPF disminuyeron en gran medida, junto con las de la mayoría de las compañías petroleras que funcionan en la Argentina, porque la inversión en exploración se redujo en gran medida.

Al mismo tiempo, el gas natural representa el 51 por ciento del consumo de energía, frente al 32 por ciento en el caso del petróleo y apenas el 17 por ciento en el del carbón, las renovables y las energías hidroeléctrica y nuclear. A escala mundial, el gas representa apenas una cuarta parte del consumo energético total: por ejemplo, el 27 por ciento en los Estados Unidos y tan sólo el 9 por ciento en el vecino Brasil. La Argentina tiene la mayor flota de vehículos que funcionan con gas natural comprimido; las familias utilizan el gas intensivamente; la mayoría de la electricidad se genera con gas y la industria petroquímica está basada en él.

Naturalmente, en unos pocos países (Qatar, Argelia, los Emiratos Árabes Unidos, el Irán y Rusia), el gas representa también más de la mitad –o incluso más del 60 por ciento– del consumo de energía, pero hay una diferencia enorme: todos esos países tienen reservas que durarán entre 70 y 100 años más. En cambio, la Argentina es un país muy dependiente del gas y con reservas cada vez menores: equivalentes a menos de ocho años de producción.

Compensar esa disminución de las reservas –más de la mitad de las reservas de gas y una quinta parte de las de petróleo se han consumido– con importaciones supone un costo anual de más de 300.000 millones de dólares. De hecho, después de dos decenios de energía barata y abundante y exportaciones del excedente de producción, ha comenzado un nuevo ciclo de energía cara, escasa e importada, pues la producción de petróleo se ha reducido en una tercera parte desde 1998 y la producción de gas en un 15 por ciento desde 2004.

El imperativo más importante para la Argentina actualmente es el de intentar recuperar la autosuficiencia energética mediante una importante inversión en exploración de la tierra, además de en el océano Atlántico. Al mismo tiempo, el país debe modificar su modelo de consumo mediante una mayor dependencia de las energías hidroeléctrica, nuclear y eólica. Si bien hay grandes posibilidades en materia de recursos no tradicionales, todo ello es caro y requiere una inversión anual de un tres por ciento, aproximadamente, del PIB a lo largo de los cinco próximos años.

Es muy probable que, a corto plazo, unas importaciones cada vez mayores de un caro gas natural licuado y otros combustibles seguirán ejerciendo una presión en pro del cambio. El año pasado, el déficit energético exterior ascendió a más de 3.000 millones de dólares y este año se espera que se duplique.

La cuestión importante es si la decisión del Gobierno de la Argentina de nacionalizar el 51 por ciento de las acciones de YPF es la forma mejor de recuperar la autosuficiencia en la producción de petróleo y gas y atraer el capital necesario para la explotación y el desarrollo de las reservas tradicionales. La Argentina tiene también unas posibilidades particularmente grandes para la producción de recursos no tradicionales de gas, en vista de que el nivel de sus reservas es el tercero del mundo, después de China y los Estados Unidos, pero, como ocurre en el caso de los recursos tradicionales del país, dichas reservas no se producirán solas.

Traducido del inglés por Carlos Manzano.

Copyright Project Syndicate


Alieto Guadagni was Argentina’s Energy Secretary in 2002, and subsequently was its representative at the World Bank.

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Gas and Geopolitics: The Foreign Policy Implications of Energy Import Dependencyfrom the Center for International Security and Cooperation.
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