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L’ombre de l’Asie au Moyen-Orient

President Obama During the First U.S.-China Strategic and Economic Dialogue in Washington, July 2009. Source: The White House: A Dialogue with China

TEL AVIV – En 2010, la Secrétaire d’Etat des États-Unis d’alors Hillary Clinton a annoncé le déplacement vers l’Est de la stratégie mondiale de l’Amérique. Le « pivot » des Etats-Unis vers la région Asie-Pacifique était nécessaire non seulement en raison des menaces de sécurité constituées par la montée en puissance de la Chine, mais également comme une conséquence de la hantise coûteuse et de longue date des Etats-Unis vis-à-vis du Moyen-Orient.

Le Moyen-Orient représente depuis longtemps des défis redoutables pour les États-Unis, qui ont fini par dépasser les capacités impériales de l’Amérique et par saper le soutien de l’opinion publique. Mais la vraie question est maintenant de savoir si l’Amérique est toujours capable et désireuse de soutenir ses prétentions mondiales. Après tout, l’Asie n’est pas un théâtre d’opérations moins exigeant que le Moyen-Orient. Le prendre en charge pourrait exiger de réconcilier le pivot vers l’Asie avec une présence permanente au Moyen-Orient, ne serait-ce que parce que les deux régions ont beaucoup de choses en commun.

Tout d’abord, dans une région qui regorge de conflits territoriaux et de vieilles rivalités aussi âpres que le conflit israélo-arabe, l’Amérique est confrontée à un environnement géopolitique sans aucune architecture de sécurité, ni aucun mécanisme de résolution des conflits. La division de la péninsule coréenne, le conflit indo-pakistanais au Cachemire et la question de Taïwan (que d’ici 2020 les Etats-Unis ne pourront plus défendre contre une attaque chinoise, selon une étude de 2009 publiée par la RAND Corporation) semblent tout aussi difficiles à traiter que le conflit israélo-palestinien.

En outre, comme le Moyen-Orient, l’Asie abrite une course aux armements incontrôlée qui comprend aussi bien des armes conventionnelles que des armes de destruction massive. Quatre parmi les dix plus grandes armées sont situées en Asie et cinq pays d’Asie sont des puissances nucléaires à part entière.

Le Moyen-Orient n’a pas non plus le monopole de l’extrémisme islamiste, des tensions ethniques ou du terrorisme. Les musulmans ouïgours rétifs de la Chine, le conflit entre hindous et musulmans en Inde, l’épuration ethnique des musulmans Rohingya en Birmanie, l’insurrection musulmane sécessionniste aux Philippines et l’insurrection séparatiste ethnique dans le sud de la Thaïlande mettent en évidence un éventail complexe de zones de conflits religieux et ethniques non résolus en Asie.

En outre, le pivot vers l’Asie des Etats-Unis se produit à un moment où leur crédibilité internationale a été gravement minée par un dysfonctionnement politique national et par leur action décevante au Moyen-Orient. Ceci explique par exemple la peur qu’éprouvent les Japonais  au sujet des Etats-Unis, qui pourraient finalement parvenir à un compromis avec la Chine sur les îles contestées de Senkaku (îles Diaoyu en chinois). En effet, le désir du Japon de rétablir sa propre puissance militaire accorde une confiance limitée à son allié américain.

Les récentes hésitations d’Obama sur le recours à la force en Syrie ont laissé de nombreuses personnes perplexes en Asie : peuvent-elles encore compter sur l’Amérique non seulement si la Chine revendique ses droits maritimes, mais encore si la Corée du Nord met ses menaces à exécution contre la Corée du Sud ? Visiblement, la « Trustpolitik » du Président sud-coréen Park Geun-hye (une approche du type soft-power face à la Corée du Nord qui appelle à une meilleure coopération avec la Chine, le plus important allié du Nord) semble être particulièrement bien accueillie.

Comme au Moyen-Orient, les relations militaires bilatérales de l’Amérique en Asie sont souvent des « frenemies », des pays qui partagent une alliance avec les Etats-Unis tout en se méfiant profondément l’un de l’autre. L’accord du Secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel début octobre avec son homologue sud-coréen sur une Stratégie de dissuasion sur mesure est devenu intenable au bout de quelques jours, quand les Etats-Unis ont promis au Japon une amélioration massive de sa puissance militaire. La Corée du Sud considère cela comme équivalent à une externalisation du confinement de la Chine vers une puissance impériale impénitente.

En tout cas, un retrait américain du Moyen-Orient est loin d’être la panacée pour lutter contre la montée en puissance de la Chine en Extrême-Orient, étant donné que les deux régions sont de plus en plus étroitement liées. Alors que les Etats-Unis pivotent vers l’Est, en provoquant chez leurs anciens alliés comme l’Arabie saoudite et l’Egypte un profond ressentiment, la Chine pivote vers l’Ouest.

Les exportations de la Chine vers le Moyen-Orient sont déjà plus de deux fois supérieures à celles des États-Unis. Ses exportations annuelles vers la Turquie s’élèvent à 23 milliards de dollars et comprennent désormais des fournitures militaires, tel qu’un système de défense antimissile qui n’est pas compatible avec ceux des alliés de l’OTAN de la Turquie. Si la pénétration de la Chine au Moyen-Orient persiste au rythme actuel, elle pourrait même être en mesure d’entraver la circulation des ressources énergétiques pour les alliés asiatiques de l’Amérique.

Dans une compétition mondiale, les concurrents d’une superpuissance sont tenus d’exploiter ses faiblesses. La crise financière de 2008, qui a détruit la mystique des prouesses économiques de l’Occident, a conduit vers un changement marqué dans la stratégie mondiale de la Chine. Les Chinois ont commencé à envisager l’idée d’abandonner leur « l’émergence pacifique » en faveur de ce que le Président Hu Jintao a défini lors d’une conférence de diplomates chinois en juillet 2009 comme « la démocratisation des relations internationales » et « la multipolarité mondiale ».

Les États-Unis, puissance hégémonique au Moyen-Orient depuis de nombreuses années, ne pourront probablement résoudre aucun des problèmes majeurs de la région à eux seuls. Si leur pivot vers l’Asie se veut crédible, les Etats-Unis devront finalement accepter d’être une grande puissance parmi d’autres en Asie, un partenaire égal de la Chine, du Japon et de l’Inde pour façonner l’environnement stratégique de la région.

Copyright Project Syndicate


Shlomo Ben Ami, ancien Ministre des Affaires étrangères israélien, est aujourd’hui Vice-président du Centre international pour la paix de Toledo et l’auteur de Scars of War, Wounds of Peace: The Israeli-Arab Tragedy.


For additional material on this topic please see:

The Pivot to Asia and the Future of US-China Relations

The Taiwan Question in Sino‐Israel Relations

China’s Strategic Shift towards the Region of the Four Seas


For more information on issues and events that shape our world please visit the ISN’s Weekly Dossiers and Security Watch.

 

Asia’s Middle Eastern Shadow

President Obama During the First U.S.-China Strategic and Economic Dialogue in Washington, July 2009. Source: The White House: A Dialogue with China

TEL AVIV – In 2010, then-US Secretary of State Hillary Clinton announced America’s eastward shift in global strategy. The United States’ “pivot” to the Asia-Pacific region was required not only because of the security threats posed by the rise of China, but also as a consequence of America’s long and costly obsession with the Middle East.

The Middle East has long confronted the US with formidable challenges, which ultimately exceeded America’s imperial capacities and sapped public support. But the real question now is whether America is still able and willing to uphold its global pretensions. After all, Asia is no less a demanding theater than the Middle East. Indeed, dealing with it might require reconciling the pivot to Asia with an ongoing presence in the Middle East, if only because the two regions have much in common.

Egypt: Current Crisis and Possible Ways Forward

Tank in Cairo
Tank in Cairo. Photo: Jonathan Rashad/flickr.

On October 24, the ISN co-hosted a roundtable discussion with the Cordoba Foundation on the recent political turmoil in Egypt and on the possible ways to resolve it. Today, we present some of the discussion’s highlights, with a particular emphasis on the observations made by Dr Maha Azzam.

The discussion started off by focusing on the ‘narratives’ that the Western media has used to both bound and characterize the Arab Spring. In the following response, Dr Azzam focuses on the term ‘Islamism’ and how it has been misused, often with negative consequences, by media outlets, politicians and others.

Science Diplomacy with North Korea

Kaesong
Kaesong, North Korea. Photo: http://www.asianews.it/

Just when nobody thought it could get worse, it did. Diplomatic relations with North Korea reached a proverbial low point early this year when Pyongyang followed a long-range rocket test with an underground nuclear explosion. Despite a perceived decline since then in North Korea’s belligerent rhetoric, and despite the reopening of the Kaesong Industrial Complex, political tensions between the two Koreas, and between North Korea and the United States, still remain high. Pyongyang, for example, has recently cancelled scheduled North-South family reunions and there are troubling signs that it may be resuming its plutonium program.

While the prospects for political engagement with the Kim Jong-un regime may indeed remain bleak, that doesn’t mean that there aren’t other opportunities for increased dialogue. One of these is science diplomacy, which enables states to use academic collaborations and scholarly exchanges in politically helpful ways. The virtue of this type of diplomacy, which can focus on solving common environmental, health, energy, and security problems, is the ‘neutral’ political space it provides friends and foes alike. Instead of continuing to trap themselves in mutual competition, they can indeed use science to create shared interests and a common destiny.

Latin America’s Wired Activists Take on Crime

2011 Peace march in Mexico City. Image: Wikipedia.

Buenos Aires, 5 November 2013 (IRIN) – In Latin America, where violent crime rates are six times higher than in any other region and where most residents have reported distrust in the state’s ability to fight crime, a number of communities have taken to social media to boost security, say analysts.

“Violent crime in Latin America undermines the social fabric of communities [and poses] a major human security threat to populations who live in slum areas,” said Vanda Felbab-Brown, a senior fellow at the Brookings Institution, a US-based non-profit security policy group.

Violent crime has soared in the past decade with murder rates for Latin and Central America four times the global average in 2011, at 29 per 100,000 people, according to a 2013 UN Development Programme (UNDP) report.

In parallel, internet access in Latin America has multiplied thirteenfold in the past decade, providing communities with an alternative way to report crimes in near anonymity, share information on violence hotspots, mobilize community policing and organize protests calling for greater security.